Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Musée rétrospectif: la Renaissance et les temps modernes
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0010

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

6

notre dernière promenade, les sophas et les fauteuils du temps de
Louis XV préludaient, par de confuses rumeurs, au récit des romans
d’autrefois. Nous allions savoir comment le chevalier se jeta aux pieds
de la marquise, et comment la marquise le consola; nous allions
apprendre, ainsi que l’enseigne le poëte dans les Chansons des rues et
des bois, comment

Deux sourires qui se rapprochent

Finissent par faire un baiser,

et il nous faut laisser là cette vignette à la Gravelot pour aller
contempler d’autres images. Revenons, par un brusque écart, à cette
grande heure où le quinzième siècle va finir et où le génie des arts
exprime, avec une si tendre effusion de cœur, sa tristesse de quitter les
anciens rivages, sa joie d’aborder au monde nouveau. Le moment était
solennel : ceqj. n’avait pas encore tué cela; le livre manuscrit tenait tête
au livre imprimé, et, comme une victime condamnée à périr, il se cou-
vrait de fleurs, il faisait courir autour de ses pages les rinceaux char-
mants de l’arabesque folle, il revêtait d’or des fières majuscules, il
mêlait à la gravité de ses lignes égales le caprice des rubriques éclatan-
tes. Ne dirait-on pas que le manuscrit a voulu disparaître enveloppé dans
son triomphe ?

Ce que lord Hertford a fait pour les meubles et M. de Rothschild poul-
ies émaux, M. Ambroise-Firmin Didot l’a fait pour les livres. Il a envoyé
au Musée rétrospectif d’inestimables trésors. Dans sa riche collection de
manuscrits et d’imprimés, il a choisi les œuvres les plus précieuses, et,
sans être bibliophile de profession, on peut en goûter la saveur. Parmi
ces merveilles, notre curiosité se hâte tout d’abord vers un admirable
petit livre d’Heures qui date des derniers jours du xvB siècle. C’est,
d’après toutes les apparences, un travail flamand, ou peut-être une
production mixte où l’école de Tours aura ajouté ses élégants entou-
rages. Les pages miniaturées de ce beau volume, celles qui représentent
des figures et des sujets religieux, font tout de suite penser à Memling
ou à un de ses voisins; c’est la même suavité de pinceau, le même
éclat dans les colorations fraîches et brillantes, et, dans les expressions
comme dans les types, la même grâce attendrie. Dans les autres pages,
le texte est entouré d’une large bordure sur le fond neutre de laquelle
sont semés des fruits, des fleurs, des insectes, dessinés à miracle et
enluminés par la main la plus délicate et la plus naïvement savante. Cette
ornementation, on le voit, est pareille, dans son principe, à celle dont
Jean Poyet décorait, en 1497, les Heures d’Anne de Bretagne. Quel est
 
Annotationen