LA RENAISSANCE ET LES TEMPS MODERNES.
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nous le type qui doit servir désormais à reconnaître les peintures de ce
maître délicat. Malgré la rareté de ses miniatures, nous en avons retrouvé
une dans le salon du prince Czartoryski : c’est un portrait du roi Stanislas,
travail exact et sûr, d’un modelé attentif et d’une fine couleur dans les
chairs et dans les détails du costume. J. B. Massé avait une qualité pré-
cieuse sous Louis XV et précieuse toujours : il dessinait bien.
Il a existé en même temps que Massé, entre 17/i0 et 1760, un minia-
turiste très-savant, qui ne signait pas ses œuvres, et qui, dans son art
spécial, est aussi distingué, aussi sérieux que l’était Tocqué dans ses
excellentes peintures. M. Dablin, chez qui il faisait si bon d’étudier l’his-
toire de la miniature française, possédait de ce maître, que nous ne sa-
vons pas nommer, de charmantes boîtes à portraits. C’étaient des boîtes
rectangulaires, où souriaient, dans le frou-frou de leur toilette cha-
toyante, les plus jolies femmes de la cour de Louis XV. Le style de ce
peintre inconnu est un peu celui de Massé, avec plus d’esprit, plus de brio
dans l'allure. Nous ne le retrouvons pas à l’Exposition, mais nous devons
signaler dans la vitrine de M. de Mouchy une charmante peinture
qui rappelle la manière de ce rare miniaturiste. C’est un portrait de la
duchesse de Choiseul, assise, vêtue de rouge, et jouant avec un petit
chien blanc à la fourrure soyeuse. Pas de nom d’artiste à indiquer pour
cette fine peinture. Du reste, toutes les miniatures exposées par M. de
Mouchy sont précieusement choisies. C’est un regret pour nous de n’en
pas reconnaître les auteurs. Nous éprouvons, chez M. Spitzer, le même
plaisir et le même ennui.
Nous croyons pouvoir dater des dernières années du règne de Louis XV
une délicieuse boîte à portrait qui appartient à M. André, et qui,
dès le premier jour, nous a charmé en nous inquiétant. Cette boîte, que
recouvre un vernis d’un ton gris-vert d’une extrême délicatesse, est
décorée d’un médaillon qui représente une très-jeune fille fraîche et rose
comme une fleur. Cette peinture est un peu du temps de la Cruche cas-
sée- mais, par la netteté du dessin, elle va bien plus loin que Greuze,
qui, avec son amour pour les tons lilas, n’a pas non plus cet éclat de
coloris et ces lumières rosées. Ajoutons que l’auteur de ce portrait tenait
encore pour les anciennes méthodes, et cherchait patiemment le détail
du modelé à l’heure où Hall allait entraîner l’art dans des voies plus
larges et plus libres.
Hall, — le « Van-Dyck de la miniature, » disait le critique Desboul-
miers, — est un des maîtres qu’on peut étudier le mieux au musée rétros-
pectif. Alors même que nous ne le saurions pas par les textes, ses oeuvres
seraient là pour nous dire qu’il fut véritablement un novateur. Parmi les
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nous le type qui doit servir désormais à reconnaître les peintures de ce
maître délicat. Malgré la rareté de ses miniatures, nous en avons retrouvé
une dans le salon du prince Czartoryski : c’est un portrait du roi Stanislas,
travail exact et sûr, d’un modelé attentif et d’une fine couleur dans les
chairs et dans les détails du costume. J. B. Massé avait une qualité pré-
cieuse sous Louis XV et précieuse toujours : il dessinait bien.
Il a existé en même temps que Massé, entre 17/i0 et 1760, un minia-
turiste très-savant, qui ne signait pas ses œuvres, et qui, dans son art
spécial, est aussi distingué, aussi sérieux que l’était Tocqué dans ses
excellentes peintures. M. Dablin, chez qui il faisait si bon d’étudier l’his-
toire de la miniature française, possédait de ce maître, que nous ne sa-
vons pas nommer, de charmantes boîtes à portraits. C’étaient des boîtes
rectangulaires, où souriaient, dans le frou-frou de leur toilette cha-
toyante, les plus jolies femmes de la cour de Louis XV. Le style de ce
peintre inconnu est un peu celui de Massé, avec plus d’esprit, plus de brio
dans l'allure. Nous ne le retrouvons pas à l’Exposition, mais nous devons
signaler dans la vitrine de M. de Mouchy une charmante peinture
qui rappelle la manière de ce rare miniaturiste. C’est un portrait de la
duchesse de Choiseul, assise, vêtue de rouge, et jouant avec un petit
chien blanc à la fourrure soyeuse. Pas de nom d’artiste à indiquer pour
cette fine peinture. Du reste, toutes les miniatures exposées par M. de
Mouchy sont précieusement choisies. C’est un regret pour nous de n’en
pas reconnaître les auteurs. Nous éprouvons, chez M. Spitzer, le même
plaisir et le même ennui.
Nous croyons pouvoir dater des dernières années du règne de Louis XV
une délicieuse boîte à portrait qui appartient à M. André, et qui,
dès le premier jour, nous a charmé en nous inquiétant. Cette boîte, que
recouvre un vernis d’un ton gris-vert d’une extrême délicatesse, est
décorée d’un médaillon qui représente une très-jeune fille fraîche et rose
comme une fleur. Cette peinture est un peu du temps de la Cruche cas-
sée- mais, par la netteté du dessin, elle va bien plus loin que Greuze,
qui, avec son amour pour les tons lilas, n’a pas non plus cet éclat de
coloris et ces lumières rosées. Ajoutons que l’auteur de ce portrait tenait
encore pour les anciennes méthodes, et cherchait patiemment le détail
du modelé à l’heure où Hall allait entraîner l’art dans des voies plus
larges et plus libres.
Hall, — le « Van-Dyck de la miniature, » disait le critique Desboul-
miers, — est un des maîtres qu’on peut étudier le mieux au musée rétros-
pectif. Alors même que nous ne le saurions pas par les textes, ses oeuvres
seraient là pour nous dire qu’il fut véritablement un novateur. Parmi les