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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Francisque Duret
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0111

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FRANCISQUE DURET. 105

décorent la Madeleine, si l’on y comprend celles du fronton, il n’en est
point, ou il n’en est guère, à mon sens, de plus belles que Y Ange
Gabriel, qui remplit la niche du premier entre-colonnement, à droite, et
le Christ se révélant au monde, qui occupe une des chapelles de la nef.
Poux et timide comme une vierge, l’ange Gabriel est une figure vraiment
angélique par sa grâce naïvement exquise. Les bras pendants, les mains
jointes, il est à demi fermé dans ses grandes ailes, comme un oiseau de
•léhovah qui serait venu se reposer sous le péristyle du temple. C’est par
des lignes non rompues, continuées et coulantes qu’est obtenue l’expres-
sion de cette statue pleine de charme et profondément empreinte du sen-
timent religieux. Les longs plis de sa draperie virginale, tombant jusqu’à
terre, parallèlement aux ailes, ne forment que des ombres tranquilles et
adoucies. La lumière, en éclairant la statue, n’y rencontre aucune partie
anguleuse, ne trouve à y creuser aucun noir. On peut dire, en emprun-
tant ici le langage du peintre, que toute la figure est blonde, et l’on doit
admirer comment le sculpteur, par le caractère d’un elfet purement
optique, a su répondre à l’intention morale de son œuvre.

Le Christ se révélant au monde est une sculpture d’un sentiment plus
grave et plus fier, sinon plus élevé. Duret est parvenu à traduire par la
plastique une pensée qui, au premier abord, paraissait intraduisible.
Enveloppé dans son manteau, jusqu’au sommet de la tête, le Christ s’est
avancé, et, relevant la draperie qui le cachait, il montre avec beaucoup
de majesté et de douceur sa face dévoilée, tandis que son bras gauche
étendu laisse voir, sortant des plis du manteau, sa main ouverte et mar-
quée du stigmate. Soit que l’on entende cette figure dans le sens général
de la révélation, soit qu’on la considère comme représentant Jésus
lorsqu’il apparut à ses disciples ou qu’il se fit connaître aux pèlerins
d’Emmaüs, le geste est saisissant, formel, parfaitement intelligible. Il
est impossible de s’y méprendre ; Jésus n’a besoin que de découvrir son
Visage pour qu’on le reconnaisse à la beauté de ses traits, à la divine
Pureté de son front, à la mansuétude de sa bouche et de son regard.

Au moment où la statue de ce Christ allait être placée à la Madeleine,
nous fûmes chargé de l’aller voir dans l’atelier du sculpteur pour en
dire notre avis dans le National. Nous rencontrâmes chez Duret M. de
Eenoude, directeur de la Gazette de France, qui était venu là, lui aussi,
Pour le compte du journal qu’il dirigeait. M. de Genoude fit observer que
Ei tête du Christ se révélant au monde ressemblait à l’image célèbre et
Pour ainsi dire consacrée, qui existe à Rome dans l’église Saint-Jean de
Latran, et que l’on appelle par excès d’admiration à^eipoVXâcToç (faite sans
la main). Duret avait consulté, en effet, cette image, mais non sans
 
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