DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Lenormant, François: Musée rétrospectif, [10], Les antiques: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0225
LES ANTIQUES.
217
déférence que nous avons d’ordinaire pour ses explications, fruits d’une
si longue et si vaste expérience, le savant académicien nous permettra
de ne pas partager sa manière de voir au sujet de la scène d’adieux qui
décore la face principale du beau stamnos de fabrique nolaine, n° 3â de
son catalogue, n° 2Zi7 du catalogue général de l’Exposition. Nous ne
saurions y voir le départ d’Achille quittant Scyros, car il n’y a évi-
demment, — on peut en être sûr d’après l’attitude et les gestes des
figures, —■ aucun rapport d’amour entre le jeune héros, qui prend congé
d’un roi assis dans son palais, et la femme portant une coupe et une
œnochoé qui se tient debout derrière ce roi; et pourtant, dans l’inter-
prétation de M. De Witte, ces] deux personnages seraient Achille et Déi-
damie se quittant pour la dernière fois. Pour nous, nous ne saurions
voir dans cette scène que celle du IVe chant de Y Odyssée, Télémaque, à
la recherche de son père sous la conduite de Mentor, disant adieu à
Ménélas dont il va quitter la demeure, tandis qu’Hélène lui verse le
népentliès qu’elle a appris à composer en Égypte, boisson merveilleuse
qui donne l’oubli de tous les maux et de toutes les douleurs.
Les vases dont nous venons de parler sont à peintures rouges sur
fond noir. Quant aux vases de date plus ancienne, à figures noires sur
fond rouge, la collection Castellani en offre également quelques très-
beaux échantillons, parmi lesquels nous devons citer avant tout l’im-
portante amphore dont une des faces montre la naissance de Minerve
et l’autre la défaite du géant Porphyrion par les efforts communs de la
déesse vierge et de son père, le maître de l’Olympe. Une autre amphore
présente, d’un côté, la lutte d’Hercule et de Cycnus, de l’autre, Minerve
et Mars, — dieu dont la représentation est-de toute rareté sur les vases
grecs, — l’un et l’autre en attitude de combat. Sur une belle hydrie
nous voyons une scène de l’expédition d’Hercule contre les Amazones,
beaucoup moins souvent retracée par les artistes que les batailles de
Thésée contre les mêmes guerrières. Le fils de Jupiter et d’Alcmène s’y
montre, comme dans les vers des Néméennes de Pindare, accompagné
d’Iolas et de Télamon, qui partagent ses périls et ses exploits. Signalons
enfin, comme sujet entièrement nouveau et digne de tout l’intérêt des
archéologues, la peinture d’une péliké où le céramiste a figuré l’épouse
de Minos en proie à l’amour monstrueux que la colère de Vénus alluma
dans son sein, et prodiguant ses caresses au taureau chanté par les
poètes.
Parmi les rhytons, trois, dans la collection Castellani, sont dignes de
mention. L’un nous offre la double tête du fleuve Alphée et de la nymphe
Aréthuse, d’un beau style et d’un modelé plein de largeur; l’autre est
”28
xx.
217
déférence que nous avons d’ordinaire pour ses explications, fruits d’une
si longue et si vaste expérience, le savant académicien nous permettra
de ne pas partager sa manière de voir au sujet de la scène d’adieux qui
décore la face principale du beau stamnos de fabrique nolaine, n° 3â de
son catalogue, n° 2Zi7 du catalogue général de l’Exposition. Nous ne
saurions y voir le départ d’Achille quittant Scyros, car il n’y a évi-
demment, — on peut en être sûr d’après l’attitude et les gestes des
figures, —■ aucun rapport d’amour entre le jeune héros, qui prend congé
d’un roi assis dans son palais, et la femme portant une coupe et une
œnochoé qui se tient debout derrière ce roi; et pourtant, dans l’inter-
prétation de M. De Witte, ces] deux personnages seraient Achille et Déi-
damie se quittant pour la dernière fois. Pour nous, nous ne saurions
voir dans cette scène que celle du IVe chant de Y Odyssée, Télémaque, à
la recherche de son père sous la conduite de Mentor, disant adieu à
Ménélas dont il va quitter la demeure, tandis qu’Hélène lui verse le
népentliès qu’elle a appris à composer en Égypte, boisson merveilleuse
qui donne l’oubli de tous les maux et de toutes les douleurs.
Les vases dont nous venons de parler sont à peintures rouges sur
fond noir. Quant aux vases de date plus ancienne, à figures noires sur
fond rouge, la collection Castellani en offre également quelques très-
beaux échantillons, parmi lesquels nous devons citer avant tout l’im-
portante amphore dont une des faces montre la naissance de Minerve
et l’autre la défaite du géant Porphyrion par les efforts communs de la
déesse vierge et de son père, le maître de l’Olympe. Une autre amphore
présente, d’un côté, la lutte d’Hercule et de Cycnus, de l’autre, Minerve
et Mars, — dieu dont la représentation est-de toute rareté sur les vases
grecs, — l’un et l’autre en attitude de combat. Sur une belle hydrie
nous voyons une scène de l’expédition d’Hercule contre les Amazones,
beaucoup moins souvent retracée par les artistes que les batailles de
Thésée contre les mêmes guerrières. Le fils de Jupiter et d’Alcmène s’y
montre, comme dans les vers des Néméennes de Pindare, accompagné
d’Iolas et de Télamon, qui partagent ses périls et ses exploits. Signalons
enfin, comme sujet entièrement nouveau et digne de tout l’intérêt des
archéologues, la peinture d’une péliké où le céramiste a figuré l’épouse
de Minos en proie à l’amour monstrueux que la colère de Vénus alluma
dans son sein, et prodiguant ses caresses au taureau chanté par les
poètes.
Parmi les rhytons, trois, dans la collection Castellani, sont dignes de
mention. L’un nous offre la double tête du fleuve Alphée et de la nymphe
Aréthuse, d’un beau style et d’un modelé plein de largeur; l’autre est
”28
xx.