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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 3
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Lenormant, François: Musée rétrospectif, [10], Les antiques: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0242

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LES ANTIQUES.

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bien ordonnée, la couleur flatte l’œil par son harmonie. On y sent un
reflet, sans doute pâle et elïâcé, mais encore bien précieux, du
génie et de l’art des grands maîtres. Comme l’a dit excellemment ici-
même M. de Ronchaud, « ce n’est que l’ombre de cette peinture antique
« qui dut tant de lustre aux Polygnote, aux Zeuxis, aux Apelle; mais ne
« serait-ce pas le cas de dire à ce sujet ce qu’un poète a dit de la poésie
« de Théocrite et de Virgile :

« Son ombre même est douce à qui la sait chérir. »

Les peintures murales que nous possédons, tout en confirmant l’idée
que l’on avait dû se faire de la peinture antique en général, d’après les
textes des écrivains classiques, témoignent cependant d’une nature de
progrès et d’un genre de ressources qui ne semblaient pas devoir lui
être attribués. Sur la perfection des peintures antiques au point de vue
du dessin et de la beauté absolue des formes, il n’y avait aucun doute.
Mais parmi les fresques conservées à Naples, il en est certaines, comme
le Thésée, comme l’Enlèvement de Briséis, qui prouvent que les artistes
grecs savaient aussi combiner de grandes compositions, qu’ils y distri-
buaient les personnages sur des plans divers avec une grande variété
d’attitudes, et ne se bornaient pas à reproduire dans le tableau les
qualités les plus pures du bas-relief. La fresque de Mars et Bhéa Sylvia
démontre qu’ils connaissaient l’emploi dramatique du paysage ; celle du
Sacrifice d'Iphigénie atteste la puissance d’expression pathétique qu’ils
savaient donner aux figures.

Néanmoins, si les peintres anciens n’ont pas ignoré les effets que la
peinture peut tirer du groupement des personnages, de l’expression des
visages, de la couleur, du clair-obscur, il ne paraît pas qu’ils aient fait
de ces connaissances un usage comparable à celui qu’en ont fait les
modernes. Leurs tentatives dans cet ordre de ressources, d’où la pein-
ture tire ses effets les plus saisissants, ont été des exceptions que pro-
duisait le sentiment individuel, mais vers lesquelles le goût général de
l’antiquité ne poussait pas les artistes. Le génie de l’antiquité grecque,
sur laquelle se forma le goût romain, la ramenait toujours vers la plas-
tique et lui faisait trouver, aussi bien en peinture qu’en sculpture, la
perfection de l’art dans la reproduction savante et idéale de la beauté
humaine.

FRANÇOIS LENORMANT.

XX.

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