Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Galichon, Émile; Mas Latrie, Louis de: Iacopo Gentile et Giovanni Bellini: documents inédits, trouvés par de Mas-Latrie et annotés par Émile Galichon
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0300

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
288

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

grands ornements jaunes, et tient dans la main droite, appuyée sur une
tablette, un vase à parfum. Cette œuvre est signée sur le fond G. Bellinus.

Pendant que Gentile Bellini se rendait célèbre en faisant des tableaux
précieux non-seulement pour les artistes mais encore pour les historiens
et les archéologues qui peuvent y étudier les mœurs du temps et y
retrouver la Venise du xvs siècle, Giovanni s’assurait une gloire plus
grande encore en peignant des Vierges touchantes par leur tendresse et
leur sérénité toute mystique. La Madone dont nous donnons ici la gravure
a été rapportée de Bergame par M. Mundler. Elle est de la jeunesse du
Bellin, de cette époque, si pleine de charme, pendant laquelle les maîtres
regardent avec crainte la nature qu’ils interprètent avec une naïveté et
une délicatesse vraiment exquises1. Debout, devant une balustrade de
marbre qui porte, dans un cartel, le nom de Joannes Bellinus, la Vierge
soutient entre ses bras l’Enfant Jésus, qui chante les prières que sa mère
vient de lui apprendre dans le livre ouvert sur la tablette. Une tapisserie
sombre, décorée de riches ornements, couvre une partie du fond d’or uni
et fait valoir la fraîcheur des chairs de l’Enfant Jésus et du visage de la
Vierge qu’encadre un manteau bleu bordé d’ornements empruntés à l’art
arabe.

Combien elles sont touchantes, ces Vierges si calmes et si pures du
Bellin ! combien elles sont éloquentes avec leur léger voile de mélancolie
qui trahit un douloureux pressentiment, avec leurs grands yeux ouverts,
qui ne craignent point de nous laisser pénétrer dans leur cœur vierge de
tout amour humain ! Jamais peintre n’a su mieux que Giovanni rendre la
chasteté inaltérable de la Mère de Dieu et cependant, à ces Madones si par-
faitement vraies, chaque jour nous voyons préférer celles de Murillo dépour-
vues du caractère de virginité qu’exige la foi. Les contemporains de Bellini
ont rendu justice à son génie, et dans des gravures, devenues rarissimes,
MocettoetBenedetto Montagna en ont traduit à merveille le caractère mys-
tique ; mais, depuis eux, nul artiste de talent n’a songé à les reproduire.
Aussi avons-nous été heureux de saisir l’occasion qui nous était offerte
de faire graver, par la pointe savante et fidèle de M. Gaillard, une de
ces œuvres que Bellini a exécutée de son pinceau le plus précieux et le
plus intime.

1. Le panneau sur lequel est peinte cette Vierge a 81 centimètres de hauteur sur 58
do largeur.
 
Annotationen