Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Mantz, Paul: M. Henri Leys: artistes contemporains
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0310

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
298

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

aussi ardent que l’Apollon dont il devait plus tard raconter la victoire,
avait déjà décoché contre le python académique plus d’une (lèche triom-
phante.

Les clameurs de notre combat parvinrent jusqu’en Belgique, et nos voi-
sins se mirent en devoir de nous imiter, les insurrections étant éminemment
contagieuses. Mais, si en France il fallait proportionner l’effort à la vita-
lité de l’ennemi, il n’était pas besoin de déployer de l’autre côté de la
frontière un aussi prodigieux courage. La doctrine académique que David
exilé avait apportée à Bruxelles dans un pli de son manteau, avait séduit
un certain nombre d’artistes ; toutefois ceux-ci se sentaient sans racine
dans le vieux sol flamand, et comme ils avaient été modérés dans l’ini-
tiative, ils devaient nécessairement être faibles dans la résistance. Je ne
sais trop comment ces honnêtes peintres avaient compris les leçons de
David ; mais ils avaient substitué à un art héroïque dans ses intentions
un art fade et doucereux. Au point de vue du coloris, ils avaient peu à
peu abaissé le ton jusqu’à se contenter d’un gris bleuâtre ; ils ignoraient
les contrastes de la lumière et de l’ombre ; pour le style, ils ne deman-
daient au dessin qu’une correction élégamment banale. La conviction
leur manquait, et avec la conviction, la force. Aussi c’est à peine s’ils
essayèrent de lutter lorsque les novateurs arrivèrent. Si, en France, pour
triompher du parti académique, ce ne fut pas trop d’une vaillante armée
de peintres dont Delacroix demeure le chef le plus accentué, il suffit,
pour obtenir le même résultat en Belgique, d’un petit groupe d’artistes
dont l’audace équivalait à celle de Paul Delaroche.

Je n’ai pas à faire ici la part de chacun dans cette campagne, si hono-
rable d’ailleurs, puisqu’elle a abouti à la constitution actuelle de l’école
belge. On connaît le nom et les œuvres de M. le baron Wappers, de
MM. Gallait et de Keyser, et de quelques autres encore. A la même
époque, MM. Madou et Ferdinand de Braekeleer revinrent à la peinture
de genre, et, nous le répétons, bien que tous les artistes que nous venons
de citer n’aient été que des réformateurs très-modérés, de simples Casimir
Delavigne, bien qu’ils n’aient fait que la moitié du chemin et qu’il y ait,
sur les uns et sur les autres, beaucoup à dire, ils ont accompli une œuvre
utile, une œuvre d'affranchissement. Rendons-leur dès aujourd’hui la
justice qui leur est due.

Comme le rêveur dont parle le poète, M. Leys est « venu trop tard dans
un monde trop vieux, » pour pouvoir s’associer à ces luttes de la pre-
mière heure. La discussion était déjà très-engagée lorsqu’il y prit part,
et les œuvres de son précoce début n’avaient pas d’ailleurs un caractère
assez personnel pour lui donner dès l’abord l’autorité qu’il a conquise
 
Annotationen