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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 4
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Mantz, Paul: M. Henri Leys: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0313

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HENRI LEYS.

301

Déjà célèbre dans son pays, l’artiste belge était encore,à cette époque,
à peu près inconnu en France ; d’après les conseils de ses camarades, il
résolut d’exposer à Paris, et il envoya au Salon du Louvre, en I8/16, une
Fête bourgeoise au xvne siècle, et en 3 S/i 7, P Armurier et la Partie de
musique. Sans piquer bien vivement la curiosité publique, ces tableaux ne
passèrent cependant pas inaperçus. M. Leys obtint à la première de ces
expositions une médaille de 3e classe, et, ce qui valait mieux sans
doute, la presse s’occupa de lui. Et comme, où il y a deux juges, il y a
presque toujours deux opinions, M. Leys put s’apercevoir qu’il 11e régnait
pas, dans les théories de la critique française, une unanimité bien touchante.
Deux écrivains s’étant plus spécialement arrêtés devant ses tableaux, il
put obtenir sur son talent des jugements parfaitement contradictoires.
La Fête bourgeoise ne fut pas le moins du monde du goût de Gustave
Planche, qui n’y voyait qu’une œuvre laborieuse et sans charme;
M. Thoré, au contraire, signalait chez M. Leys « une touche grasse et
facile dans la manière de Jean Steen et de Metsu, une couleur assez
variée, des ombres qui ne manquent pas de transparence, » et, comme
s’il avait deviné par avance les évolutions prochaines de l’artiste, il
ajoutait que ses œuvres, recherchées en Belgique, ornaient plus d’un
riche cabinet où l’on pouvait les prendre « pour d’anciennes peintures.»
Deux ou trois ans encore, et le mot allait devenir vrai. M. Thoré s’est
quelquefois donné le plaisir d’avoir raison trop tôt.

Mais aussi bien, dire à un artiste que ses tableaux ont l’air d’anciennes
peintures, ce n’est pas lui faire un fâcheux compliment. C’est déclarer
qu’il est dans la tradition des maîtres, qu’il a des parents dans le passé,
qu’il connaît les secrets de l’harmonie, qu’au lieu de blesser nos yeux
par l’éclat trop neuf des tonalités incohérentes, il enveloppe ses couleurs
d’une douce atmosphère d’unité et qu’il sait faire chanter à ses nuances
la même chanson. Ces qualités, et d’autres encore, commençaient en
effet à se développer chez M. Leys. On le vit bien, en 1851, à l’Exposition
de Bruxelles, où le peintre entra hardiment dans la large route du succès.
Il y avait exposé la Fêle donnée à. Ilubens par le serment des arquebu-
siers, le Message, Y Aumône et le Bourgmestre Six chez Rembrandt.
D’excellentes lithographies de M. Mouilleron ont fait connaître ces deux
derniers tableaux. Tout le monde se rappelle, au moins pour l’avoir vu
dans la traduction du lithographe français, cet intérieur d’atelier si pit-
toresquement disposé dans son désordre où le bourgmestre,ass is devant
un tableau de Rembrandt, l’examine avec quelques connaisseurs pendant
que, retiré au second plan, le maître semble attendre que son juge ait
prononcé sur le mérite de l’œuvre. Des meubles, des chevalets, des
 
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