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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 5
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Baschet, Armand: Pierre-Paul Rubens, [1], Son séjour en Italie et son premier voyage en Espagne, d'après ses lettres et autres documents tous inédits: peintre de Vincent Ier de Gonzague, Duc de Mantoue (1600 - 1608)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0446

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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courtoisies au sujet de l’hébergement des chevaux et du payement du pas-
sage, selon qu’il sait que ce prince a déjà fait en d’autres circonstances.
Le grand-duc est d’ailleurs fort bien informé, selon que lui ont dit quel-
ques gentilshommes de ses amis à cette cour, à tel point que, le soir
même du 26, il lui a fait demander par un gentilhomme flamand de sa
maison de prendre en compagnie des autres chevaux une sienne haquenée
pour la donner, à Carthagène, « à je ne sais qui, » dit-il. Cela, pour la
lettre du 26 mars. Quant à celle du 29, elle me paraît par trop caracté-
ristique pour ne la pas traduire d’après l’original.

Illustrissime Seigneur très-honoré,

Aujourd’hui même j’ai traité de mon embarquement pour l’Espagne, et je l’ai con-
clu avec le patron de Hamburg que j’ai dit, dans ma dernière à Votre Seigneurie, se
trouver à Livourne, si bien qu’avec la grâce de Dieu j’espère faire voile le troisième
jour après les fêtes. Le Grand-Duc m’a fait appeler aujourd’hui dans l’après-dîner, et il
a usé des expressions les plus affectueuses et les plus courtoises à l’égard de Son
Altesse et de Madame notre Sérénissime Maîtresse, et, tout en me questionnant avec
assez de curiosité sur mon voyage et des faits qui me sont tout à fait personnels, ce
prince m’a singulièrement étonné en se montrant aussi bien informé des moindres
détails sur la quantité et la qualité des présents destinés, qui à celui-ci, qui à celui-là.
Et ce qu’il y a de mieux encore, c’est qu’il me dit, non sans que cela me fût à grand
orgueil, qui je spis, de quel pays, ma profession, et l’honneur acquis par elle. J’en
demeurai comme étourdi, pris de la crainte de quelque esprit familier, ou du soupçon
de quoique excellente correspondance de rapporteurs, pour ne pas dire espions, dans
la maison même de notre prince. Autrement, ce ne serait pas possible qu’il l’eût
appris, car je n’ai spécifié aucune chose, ni aux douanes ni ailleurs. Peut-être est-ce
ma simplicité qui me fait m’étonner de choses ordinaires dans les cours. Que Votre
Seigneurie me pardonne et lise par façon do passe-temps les avis d’un novice et d’un
homme qui n’a point d’expérience, considérant seulement la bonne intention de servir
ses protecteurs, et en particulier Votre Illustrissime Seigneurie. De Lise, aujourd’hui
29 mars, l’an 1603.

De Votre 111. Seign.

Le tres-humble serviteur.

Au tres-illustre Seigneur

Le Seigneur Annibale Chieppio,
Secrétaire de Son Altesse.

Mantoue.

Pierre-Paul Rubens1.

Trois jours après, en effet, le jeune Flamand partait pour l’Espagne,
mais non sans avoir écrit, la veille, une nouvelle lettre au secrétaire

1. Archives de Mantoue. E. IL Interni n° 8. Miscellanee,filza 2539. L original de
cette lettre est lacéré en tête, ainsi qu’aux lignes I i et 15, aux paroles « quai io faccio. »
 
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