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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 20.1866

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Nr. 5
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Lagrange, Léon: Bulletin mensuel: Avril 1866
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https://doi.org/10.11588/diglit.19277#0509

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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La matière seule a changé, et c’est beaucoup sans doute. Mais, à défaut de l’épiderme
coloré du marbre, le plâtre garde encore, sous sa froide enveloppe, et l'idée vierge du
maître et les linéaments les plus délicats de la forme. L’art grec nous appartient, non
point celui de Winckelmann et de Louis David, mais celui que la critique du xixesiècle
nous a rendu, un art savoureux et vivant, devant lequel la sculpture moderne devrait
briser son ciseau, si elle ne portait pas en elle une idée dont il lui faut trouver la forme
expansive.

La sculpture romaine occupe également plusieurs galeries : on y rencontre aussi,
à côté des statues isolées, d’immenses pages empruntées aux arcs-de-triomphe de
Rome, et bientôt la colonne Trajaney déroulera ses spirales animées. 11 resterait, pour
compléter la collection romaine, à y joindre les moulages des plus beaux monuments
de sculpture que l’art romain a semés sur le sol gaulois. Certes, la création du Musée
de Saint-Germain en Lave fait honneur à ceux qui l’ont conçue, et, la question d’éloi-
gnement écartée, il est juste que les monuments originaux de l’art gallo-romain aient
leur musée spécial dans un château ou un palais, comme les originaux de l’art antique
ont leur musée au Louvre. 11 n’en est pas moins indispensable de réunir quelque part
aux sculptures romaines de l’Italie les sculptures romaines de la Gaule, afin de mon-
Irer la chaîne non interrompue de l’art. L’idée de faire mouler à Sens, à Reims, à
Autun. les monuments de l’art gallo-romain est une idée excellente. Mais, si ces mou-
lages s’exécutent, les exemplaires des œuvres les plus belles, telles que le Cavalier
gaulois et le Sommeil d'Endymion, de Sens, devront prendre place à l’École des
Beaux-Arts.

La nomination do M. Guillaume aux fonctions de directeur de l’École nous paraît
d’un bon augure pour l’avenir de ses collections. Esprit élevé et éclairé, — on connaît
le statuaire, — M. Guillaume aura à cœur de compléter le noyau confié à ses soins.
Déjà, la cour centrale de l’École, entièrement vitrée, s’apprête à recevoir des moulages
de grande dimension, les Colosses du Monte Cavaüo, le Taureau Farnèse, et, nous
l’espérons du moins, d’autres fragments d’architecture égaux en importance à ceux des
monuments d’Athènes.

Mais surtout le nouveau directeur aurait, dit-on, le projet de développer une col-
lection encore à l’état embryonnaire : celle des moulages de la renaissance. L'École pos-
sède déjà les portes du Baptistère de Ghiberli, le Jouas attribué à Raphaël, le Moïse
de Michel-Ange, son Bacchus, sa Pieta, ses Tombeaux des Médicis, et le Saint
Georges de Donatello. On voit combien il reste à faire. Rome, Florence, Padoue,
Bologne, Venise, Gênes, ont encore d’autres chefs-d’œuvre à nous donner : le Christ
et le David de Michel-Ange, l’Hercule de Bandinelli, le Versée de Cellini, la Sabine
de Jean de Bologne, le Bacchus de Sansovino, le Saint Jean-Baptiste de Dona-
tello, le Saint Sébastien de Puget, mais surtout le Guatamelata de Donatello, le
Colleone d’Andrea Yerocchio, c’est-à-dire de grandes pièces propres à agir sur
l’imagination des élèves et à les faire rêver d’œuvres monumentales. Sans sortir de la
France-, quelle récolteI On méprise trop ce qu’on a sous la main, et l’on se plaît à mé-
connaître la grandeur de la sculpture française, comme si elle n’offrait pas, depuis le
moyen âge jusqu’à nos jours, une série de modèles admirables, et surtout empreints de
ce caractère national qui les rend doublement précieux. Les porches de Chartres, les
saints de Solesmes, et tout ce monde de pierre, do marbre et de bronze sorti vivant
des mains des sculpteurs français, depuis Michel Columb jusqu’à Puget, depuis Ger-
main Pilon et Jean Goujon jusqu’à Pradier et David d'Xngers, voila les éléments d une
 
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