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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

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Blanc, Charles: Grammaire des arts décoratifs pour faire suite à la grammaire des arts du dessin, [9]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0010

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ornement et qui en est inséparable. Le bijou est alors rehaussé cl’une
pierre fine qui se trouve être un camée ou une intaille. Mais lorsque
la figure se présente sous les trois dimensions, soit comme cariatide
dans une composition architectonique, soit avec les mouvements de la
vie dans une action déterminée, elle dénature complètement le bijou,
par la raison qu’elle n’est plus à l’échelle de l’homme, et que le corps
humain est trop riche de formes, a trop de beauté, trop d’importance,
et qu’il tient un rang trop élevé dans la création, pour jouer un rôle
accessoire parmi les images tirées du règne végétal ou de la géométrie.

Lorsque Benvenuto Cellini a modelé le pendant, d’ailleurs si précieux,
qui est conservé à la Bibliothèque nationale, lorsqu’il y a ciselé une
figure d’Apollon sur la clef d’un arc et deux muses dans les tympans,
accompagnées de griffons et de chimères, il a fait une œuvre d’art et non
plus un bijou. Un ouvrage de ce genre est condamné par sa beauté même
à demeurer inutile. La femme qui posséderait un tel joyau pourrait le
faire admirer aux autres, mais non pas s’en parer elle-même. Gomment
exhiber sur sa poitrine, comment suspendre à son oreille ou à son cou des
statues en miniature dont la perfection, ferait admirer l’ornement aux
dépens de la personne ornée? C’est ici le cas de rappeler ce principe, que
l’utile appartient au domaine de l’industriel, que le beau est l’apanage de
l’artiste. Tout objet destiné à un usage peut être embelli, mais ne saurait
être essentiellement beau, car si sa qualité première est la beauté, l’objet
doit cesser d’être utile. Celui-là serait un barbare qui voudrait mettre
son sel dans la fameuse salière de ce même Benvenuto, ou se servir d’une
amphore panathénaïque pour verser du vin à ses amis.

Le dessinateur de bijoax doit songer beaucoup moins à mettre en
lumière son propre talent qu’à relever la grâce des parures, afin de
rendre plus aimable ou plus jolie la femme qui les portera. Voilà ce que
les Grecs ont compris ou ce qu’ils ont deviné par la seule délicatesse de
leur sentiment. Aussi n’ont-ils pas ciselé dans leurs bijoux la figure
humaine entière et en ronde bosse. Sur leurs bracelets, leurs colliers,
leurs diadèmes, leurs fibules, leurs épingles, on ne voit que des parties
séparées du corps humain, une tête d’homme ou de femme, un buste
engainé, une main tenant la pomme, le masque de Méduse ou celui du
Bacchus indien, aux oreilles de taureau et aux cheveux calamistrés,
rendus par des fils d’or tournés en spirale. C’est par exception que les
Etrusques ont suspendu à leurs boucles d’oreilles d’imperceptibles figu-
rines d’enfants en ronde bosse. Les animaux mêmes ne sont guère
représentés que par leur mufle dans la bijouterie des anciens. Cela est
vrai du moins pour les quadrupèdes. Parmi les autres animaux, il est des
 
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