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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

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Nr. 3
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Véron, Eugène: Le Musée de Lyon, [1]: les peintres lyonnais
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https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0289

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LE MUSEE DE LYON

i.

LES PEINTRES LYONNAIS.

a théorie des climats, appliquée par Hippocrate à l’étude des maladies,
puis par Montesquieu 'a celle des institutions politiques, semble depuis
quelques années vouloir envahir l’histoire des arts. Cette doctrine, renou-
velée des Grecs, présente, il faut l’avouer, un côté séduisant, comme
toutes les généralités de ce genre; elle cumule l’avantage de plaire au public par
les développements littéraires qu’elle comporte, avec celui d’éviter aux critiques la
fatigue de chercher dans les choses mêmes des explications plus sérieuses.

Cette double raison est-elle suffisante pour que nous acceptions comme démontrée
la théorie des influences géographiques sur les arts? Nous ne le pensons pas.

Nous concevons parfaitement qu’un médecin étudie avec grand soin l’action des
climats et des milieux physiques sur la santé des hommes, et que, à ce point de vue
spécial, il reconnaisse aux causes extérieures de cette nature une importance considé-
rable. Nous admettrons encore que ces mêmes causes puissent expliquer quelques-unes
des institutions et des lois de certains peuples placés dans des conditions extrêmes
de chaleur ou de froid.

Nous reconnaîtrons également, si l’on veut, que les Lapons, les Samoyèdes et les
Groënlandais sont trop occupés de ne pas mourir de froid et de faim pour avoir le loi-
sir d’étudier la peinture, tandis que, en compensation, les nègres de la zone torride,
brûlés et accablés par la chaleur, s’inquiètent beaucoup plus de rechercher la fraîcheur
et de dormir à l’ombre que de cultiver les beaux-arts.

Il est, en effet, parfaitement constaté que la civilisation ne peut arriver à son déve-
loppement complet que dans les contrées intermédiaires, là où l’àme n’est pas pour
ainsi dire écrasée sous le poids du corps et où le climat plus tempéré permet à
l’homme d’établir une sorte d’équilibre entre les aspirations morales et les préoccupa-
tions physiques.

Qu’on nous dise donc, si l’on y tient, que l’art est impossible, de meme que toute
autre manifestation intellectuelle, partout où,, par l’effet du climat, l’intelligence est
fatalement asservie au corps, nous ne le contesterons pas. Mais, franchement, que nous
aura expliqué cette explication trop commode?

Nous ne prétendons pas cependant tout refuser à l’influence des milieux physiques,
uniquement parce qu’il a plu à quelques-uns de lui trop accorder. Nous ne nions pas
même qu’elle puisse parfois se retrouver, même dans les arts et jusque dans les cli-
 
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