Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Gruyer, François-Anatole: Beulé: secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0091

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
BEULÉ

SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.

epuis la mort de Beulé, bientôt trois mois auront passé quand
paraîtront ces lignes. Trois mois! A l’époque où nous sommes, quand
les choses et les hommes se pressent et se poussent comme pris
également de vertige, quand chaque jour attend un événement, peut-
être une révolution, trois mois ce sont trois siècles. Le monde de la
science et des arts devrait être placé dans des régions inaccessibles à la tourmente,
mais le bruit de nos désordres n’est pas sans le troubler aussi. Nous allons, cependant,
nous y tenir comme dans l’unique refuge où nous puissions retrouver un peu du calme
nécessaire pour rendre au temps sa durée, à la mémoire sa fidélité, aux œuvres leur
valeur, à ceux qui ne sont plus la justice. Dans ce monde privilégié, Beulé a passé les
jours heureux de sa vie ; là aussi nous le revoyons dans le portrait qu’a peint M. Paul
Baudrv en 1857, et que nous joignons à cette étude. Beulé est assis, les jambes fami-
lièrement croisées l’une sur l’autre, la main droite appuyée sur son fauteuil, la tête
inclinée à droite et reposant sur la main gauche, dont le bras prend son point d’ap-
pui sur une table chargée de papiers et de livres. Le costume est noir, sans rien
de triste; la figure a de la tenue, sans rien de guindé. On reconnaît le professeur, on
ne trouve rien de pédant. Bien que les moindres accessoires soient traités avec soin,
on oublie les détails pour ne s’occuper que de la tête. Toute la lumière est pour elle,
ou plutôt c’est d’elle que semble partir la lumière. Les traits sont réfléchis autant que
spirituels : le front, couronné d’une abondante chevelure coupée court, a de belles pro-
portions ; les yeux sont fixés sur un objet que l’esprit est seul à voir encore, et la
bouche, dont les plis ont de la sévérité, prend, en vue du beau rêve, une bien-
veillance qui était et qui resta jusqu’au bout dans les habitudes intimes de Beulé.
M. Baudry a fait œuvre de maître dans cette peinture. Il y a mis une intensité de vie
et une chaleur de pensée, où se révèle avec poésie l’heureuse influence qui présidait à
la destinée de cet homme jeune encore et célèbre déjà; il y a apporté plus et mieux,
l’émotion d’un véritable artiste en présence d’un modèle de prédilection. Si Beulé est
tout entier dans le portrait de M. Baudry, c’est que M. Baudry a mis dans ce portrait
tout son cœur. Depuis plusieurs années le savant et le peintre étaient liés l’un à l’autre
par une amitié que rien ne devait rompre. Beulé, nommé membre de l’École d’Athènes
en 1850, avait été, à Rome en 1851, l’hôte de la villa Médicis, dont M. Baudry était un
des pensionnaires les plus distingués, et depuis lors ils avaient vécu des mêmes sou-
 
Annotationen