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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Exposition en faveur de l'œuvre des Alsaciens et Lorrains, [1]: peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0105

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98

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

printemps, s'ouvrirent à la fois l’exposition annuelle clés Champs-
Elysées, celle des œuvres de Prud’hon et de Chintreuil, et la plus
curieuse de toutes, celle qu’une excellente pensée a organisée au
profit de nos compatriotes exilés, il ne nous parut pas impossible
d’abord de prendre notre part de ces fêtes simultanées. Nous eûmes le
désir, véritablement « fol », de tout étudier et de faire notre profit des
curiosités pour la plupart inédites qui nous étaient si libéralement mon-
trées. Nous avons été abusé. Il a fallu, étant de ceux qu’on désigne sous
le nom peu académique de « salonniers », nous dévouer pendant deux
mois à l’étude des œuvres modernes et nous enivrer de leurs mérites.
Pendant ce temps, les heures ont fui rapides et sans pitié, et nous arri-
vons, le dernier, pour parler des trésors de l’exposition ouverte à l’ancien
Corps législatif. Chose horrible à penser! les grands maîtres ont failli
attendre.

L’exposition, d’ailleurs, n’est plus ce qu’elle était aux premiers jours.
Elle a été renouvelée en partie. Nous n’y retrouvons pas tous les
tableaux que nous avons admirés au début; nous y voyons en revanche
figurer beaucoup de peintures récemment envoyées par de généreux
amateurs. Afin d’habiller notre travail à la dernière mode, nous donnons
pour base à cette étude la situation actuelle de l’exposition, telle que l’a
reconstituée le remaniement opéré le 22 juin. Nous ne saurions cependant
nous priver, çà et là, du plaisir de parler de quelques œuvres élimi-
nées, mais encore vivantes dans l’esprit. On enlève d’une salle d’exposi-
tion un Rembrandt, un Van Dyck, un Yélasquez : on ne les fait pas dis-
paraître pour cela : le souvenir demeure qui les protège et les éternise.

Dans les expositions que Paris peut organiser avec des tableaux
empruntés aux collections particulières, l’école italienne ne saurait être
représentée comme elle l’est dans un musée. La France ne refera pas ce
que l’Angleterre a fait à Manchester en 1857. Les amateurs parisiens
possèdent plus de Greuze que de Raphaël. Malgré cette pauvreté rela-
tive, nous avons eu, nous avons encore au palais Bourbon quelques ita-
liens du plus grand intérêt. On nous a enlevé le Filippo Lippi et les autres
peintures précieuses que M. F. Reiset avait prêtées à l’exposition et dont
il nous aurait été très-doux de parler; il nous reste le Pietro délia Fran-
cesca de Mme la comtesse Duchâtel, la Vierge et VEnfant Jésus.

Toute la tendresse, toute la poésie du xve siècle est dans cette pein-
ture claire, un peu maniérée, adorable. La madone, très-jeune et vue
jusqu’aux genoux, se tient les mains jointes, les yeux baissés, devant
l’enfant qui joue auprès d’elle. L’enfant est tout petit; l’artiste naïf
n’a pas su, il n’a pas voulu peut-être, mesurer à la même échelle le fils et
 
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