Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Leroi, Paul: Les aquarelles, dessins et gravures au Salon, [2]
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0170

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
160

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

voyage. MM. Jean-Baptiste Millet et Charles Pollet contrastent radicale-
ment avec M. Gaucherel ; leur exécution ne laisse rien à l’imprévu, elle
est très-voulue, très-minutieusement achevée ; ils ne contrastent pas
moins violemment entre eux par le choix des sujets. Élève de son frère,
M. J.-B. Millet a, comme lui, la passion des mœurs campagnardes ; de
ses trois aquarelles, la plus remarquable est Après la moisson. M. Pollet,
qui est également représenté par le nombre cher aux dieux, sacrifie
exclusivement à Vénus et de préférence à la Vénus orientale dont il aime
à dévoiler l’éblouissante nudité : Paresse, Lycænion et Pandore soutien-
nent dignement la réputation de l’artiste, l’un des meilleurs élèves de
Paul Delaroche et l’un de nos graveurs les plus distingués.

M. Paul Henry a exposé les Coteaux du Bas-Meudon et y révèle
d’heureuses qualités de coloriste qui recommandent aussi un bon dessin
à la plume : Marine par M. Lesage, les fusains de M. Lhermitte, le
Bénédicité surtout, et ceux de M. A. Delauney, dessinateur et aquafortiste
d’infiniment de talent.

M. Guffens, qui est Flamand et, circonstance aggravante, élève de
l’Académie royale d’Anvers, la ville de Bubens, a éprouvé le besoin
d’envoyer à Paris un grand carton de la plus allemande banalité. Le
livret nous apprend que la Joyeuse Entrée de Philippe le Hardi, duc de
Bourgogne, comte de Flandre, dans sa bonne ville d’Ypres, en '1384, est
le carton d’une peinture murale exécutée à l’hôtel de ville d’Ypres.
Les robustes et glorieux enseignements de Rubens, ce splendide génie
décoratif, seraient-ils trop écrasants aujourd’hui pour les artistes fla-
mands? Il faut se refuser à le croire, mais il n’est malheureusement pas
douteux que les tendances gouvernementales en matière d’art ne soient
en opposition complète avec les nobles traditions de l’ancienne école.
Ce n’est guère la peine d’avoir une merveilleuse pléiade d’ancêtres qui
s’appellent Van Eyck, Memling, Roger Van der Weyden, Bernard Van
Orley, Quantin Massys, Rubens, Jordaens, Van Dyck, pour arriver à leur
préférer les pires poncifs modernes d’outre-Rhin.

M. Bida n’est pas en progrès : le Départ, le Bepas et la Porte de
Bethléem, trois sujets tirés de l’Ancien Testament, pèchent par beaucoup
de mollesse ; et M. Émile Bayard dans son triptyque au fusain : Gloria
victis ! est bien inférieur à lui-même pour qui se rappelle Sedan. Inspi-
ration et exécution semblent aujourd’hui procéder de la fatigante facilité
de M. Gustave Doré. C’est là bien plus du procédé que de l’art.

Parmi les pastels, je ne vois à signaler qu’une vive étude — Jeune
Fille de Pont-Aven (Finistère), — par Mffie Becq de Fouquières.
 
Annotationen