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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

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Nr. 2
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Darcel, Alfred: Edmond Bonnaffé, Inventaire des meubles de Catherine de Médicis en 1589: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0197

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186

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des comptes délibéra qu’un inventaire serait dressé des meubles dont la garde appar-
tiendrait au portier du logis, qui en était surtout l’intendant.

Comme l’opération ne marchait point assez rapidement au gré de la duchesse de
Mayenne, celle-ci s’en alla un jour, dans ce qu’on appelait les galetas, y prendre ce qui
lui convenait, tandis que les commissaires étaient ailleurs occupés. On ne pouvait lui
rien refuser; mais il fut convenu qu’elle en dresserait un état, que le duc son mari
signerait, et qui vaudrait comme inventaire.

Un autre fait plus important vint interrompre l’inventaire le 1er août de cette
année 4 589 où il fut dressé. M. et Mme de Mayenne, ainsi que Mme de Montpensier, s’en
sont allés, emportant les clefs du logis, loger au faubourg Saint-Germain, pour se rap-
procher de Saint-Cloud où Jacques Clément devait assassiner le roi.

M. Edmond Bonnaffé a très-intelligemment fait ressortir des secs enregistrements
de l’inventaire tous les faits au milieu desquels il s’est poursuivi de l’hôtel de la Reine
aux Tuileries pour aller s’achever dans l’atelier de Germain Pilon. Celui-ci s’occupe à
incruster des branches de chêne et de laurier en marbre blanc dans trois colonnes de
marbre rouge et blanc appartenant à la reine.

Cette mention nous place au beau milieu de l’art de la Renaissance à son déclin,
alors que la forme ne suffit plus et que l’on recherche déjà le beau dans la richesse et
l’accumulation des matières.

L’inventaire nous fait deviner ce goût chez Catherine de Médicis.

Ainsi l’on trouve dans un coffre la quantité de soixante-quatre livres de corail en
branche et en morceaux, élément futur de la décoration de ces miroirs et de ces cabi-
nets dont les collections modernes conservent encore quelques exemplaires.

R y a aussi des boites et des coffrets de nacre de perle.

Parmi les meubles se trouvent surtout des cabinets de bois peint et doré, des cabi-
nets de marqueterie, façon d’Allemagne, et enfin « un cabinet faict en théâtre, des
figures d’empereur à l’entour dudit théâtre, doré par-dessus et dedans ».

Pour satisfaire aux habitudes nomades du temps, les chaises, les fauteuils et les
tables de marqueterie, façon d’Inde, sont brisés afin d’occuper moins de volume lors-
qu’on les emballe. Aussi un grand nombre de « coffres de bahut » fermant à clef gar-
nissent les galetas et renferment une foule de choses précieuses ou curieuses qu’aujour-
d’hui on étalerait sur les étagères. Ce mot de « coffre de bahut », nouveau pour nous,
indique même la destination nomade de ces meubles. Le mot bahut employé seul dans
tous les inventaires d’époque antérieure que nous connaissons servent à désigner l’en-
veloppe de cuir ou d’étoffe, souvent armoriée, qui était destinée à couvrir en voyage
les coffres qui renfermaient le bagage.

Outre ces coffres, les galetas ou garde-meubles renferment des armoires à guichets
qui devaient, au temps qu’il était habité, meubler les appartements du palais. Plusieurs
de ces armoires sont à quatre guichets ou Arantaux, et c’est la première mention que
nous trouvons de ces élégants buffets à deux corps dont le nombre dut être considé-
rable à la fin du xvie siècle, à en juger par ce qui nous en reste. D’autres sont à dix et
même à quarante-quatre guichets, tous remplis des choses les plus disparates. On y
trouve des miroirs d’acier, de cristal et de Venise; des cristaux de roche montés en
orfèvrerie; pièces qui se trouvent peut-être dans la collection des gemmes du Louvre :
des pots de verre bleu doré à mettre confitures; et avec eux des verreries de Saint-
Germain-en-Laye, des verres peints de Montpellier, des chandeliers de verre bleu, et
enfin des chaudrons de verre; des encriers d’ébène et des écritoires de cuir du Levant;
des corbeilles de jonc « à mettre fruicts »; des paniers et des tasses d’osier, façon de
Flandre, où il y a des coquilles de mer destinées à faire des rochers; des tasses et des
boîtes de bois peint à la mode de Turquie, que M. Edmond Bonnaffé suppose être de
laque de la Chine; des « idolles antiques » et des médailles modernes; des éventails de
 
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