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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

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Nr. 3
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Courajod, Louis: Estampes attribuées à Bramante
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https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0275

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ESTAMPES ATTRIBUÉES A BRAMANTE.

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seul un dessinateur d’un talent de premier ordre a pu tracer ces charmantes figures qui
remplissent la composition, traiter avec autant d’esprit et empreindre d’un si beau
caractère les détails du monument et les personnages. Ce dessin rappelle tout à fait,
non-seulement le style général de Bramante et les formules si heureuses de son archi-
tecture, mais encore, comme le fera remarquer M. de Geymüller, qui parlera ici, après
moi, de cet artiste, certains détails de la sacristie de San Satiro, à Milan. Il peut donc
et doit donc, d’après toutes les vraisemblances, être attribué à Bramante. Quant au tra-
vail de la gravure, il est, lui aussi, très-remarquable. Il présente assez exactement
l'aspect d'un dessin à la plume et garde tout l’esprit d’un dessin original. Ce travail offre
sans doute quelque analogie avec le genre de gravure adopté par Mantegna, mais l’em-
ploi des hachures diagonales sans croisement n’y est pas systématique, et, en y regar-
dant de très-près, on distingue quelques différences assez importantes avec la manière
de l'artiste mantouan pour qu'on doive songer à une autre main que la sienne. 11 y a
notamment dans le dessin et le style des petits personnages quelque chose qui rappelle
l’élégance et l’aisance florentines, ou ferait encore penser aux gracieuses figures si fine-
ment peintes par Gentil Belin, plutôt qu’aux âpres, rudes et sévères beautés de Mante-
gna. Enfin, en admettant môme, avec Duchesne, que la gravure seule fût de Mantegna,
comment expliquer, ainsi que le fait remarquer judicieusement Passavant, qu’un maître
comme Mantegna, qui a relativement peu gravé, ait passé un temps considérable à
reproduire l'œuvre d’un autre? Le nom de Mantegna une fois écarté, si, faute de tout
point de comparaison, on se refusait absolument à reconnaître dans la pièce A une
œuvre directe de Bramante, si l'on voulait à toute force faire rentrer l’estampe dans la
série des travaux d’un graveur déjà connu, il faudrait croire qu’en traduisant respec-
tueusement un dessin du célèbre architecte et en le reproduisant dans les plus petits
détails, Zoan Andrea ou Jean-Antoine de Brescia a exécuté la plus belle de ses estampes.
Mais, hypothèse pour hypothèse, nous préférons celle dont l’article du marquis d'Adda
est venu ébranler la faveur ; car, puisqu’il nous faut chercher l’auteur de cette pièce parmi
les plus grandes personnalités du xve siècle, nous devrions, en l’absence même de
l’inscription si positive, mettre le nom de Bramante en avant. Et, d’un autre côté, s’il
ne nous est parvenu aucun dessin authentique, aucune autre gravure certaine de Bra-
mante que nous puissions victorieusement juxtaposer; si aucun témoignage extérieur
ne vient, comme nous l’avons dit, prêter quelque appui à notre appréciation, en
revanche rien ne nous force à reconnaître dans le travail de la gravure la main d’un
graveur de profession; rien ne nous interdit d'v voir un grand peintre dessinant direc-
tement sur le cuivre avec un burin en guise de crayon.

Une dernière considération ajoute beaucoup de vraisemblance à l'opinion que nous
cherchons à faire prévaloir. Qu'on regarde la réduction gravée de la pièce A qui accom-
pagne cet article, et dans laquelle M. de Geymüller a très-fidèlement reproduit l'aspect de
l’original. La partie de droite n’y est pas terminée : tandis que, dans cette composition,
l’architecture s’arrête à une ligne fixe, la scène qui anime le premier plan dépasse de
beaucoup cette ligne et, débordant de quelques centimètres, s'arrête au même point
dans les deux exemplaires connus. Cette gravure ne reproduit évidemment qu’un épi-
sode et non le fait capital d'une composition qui serait inexplicable et qui paraît mor-
celée au hasard et sans motif. La pièce enfin, si elle a été terminée, n’a jamais été
beaucoup tirée. Car alors que nous possédons des exemplaires relativement nombreux
des gravures de Mantegna ou de son école, nous ne connaissons de cette pièce que
deux épreuves inachevées. Le rinceau d'ornement qui décore la frise du pied-droit de
 
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