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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 10.1874

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Nr. 3
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Véron, Eugène: Le Musée de Lyon, [1]: les peintres lyonnais
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https://doi.org/10.11588/diglit.21839#0293

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LE MUSÉE DE LYON.

279

Les peintures du grand escalier ont été fort altérées par l’humidité du climat de
Lyon, car à ce point de vue il faut bien reconnaître que malheureusement le climat
n’est pas toujours sans influence sur la peinture. Celles de la grande salle ont été com-
plètement détruites par un incendie en 1674. Celles de la salle Henri IV, dont la moi-
tié avait été brûlée dans la même circonstance, ont pu être restaurées par Blanchet lui-
même. Mais de la grande salle il ne reste rien qu’une esquisse peinte, qu’on a
retrouvée par hasard, il y a quelques mois, dans les greniers de l’Hôtel de ville.

Cette esquisse, qui a souffert de ce long abandon, va être restaurée prochainement
par les soins de M. Martin-Daussigny, le directeur des musées de Lyon, et sera pro-
chainement placée dans la galerie des Peintres lyonnais. Quoique réduite au vingtième
à peu près, elle permet parfaitement de juger ce que devait être la décoration de la
grande salle, et l’on y retrouve toutes les qualités que nous avons signalées dans les
plafonds qui existent encore. Non-seulement l’ordonnance générale en est très-belle,
très-décorative et admirablement appropriée à la destination de l’œuvre totale, mais
les divers sujets qui la composent y sont traités avec un soin qu’on ne s’attendrait pas
à rencontrer dans une esquisse.

Le plus remarquable rappelle un des faits principaux de l’histoire de Lyon. Sous
Charles VIII, les Lyonnais, fatigués d’avoir à défendre par les armes leurs libertés com-
munales contre les atteintes incessantes de leurs archevêques, demandèrent et obtin-
rent d'être réunis a la couronne de France. On voit d’un côté la France avec sa cou-
ronne murale debout dans une attitude souveraine. En face d’elle la ville de Lyon
s’avance en s’inclinant. Entre les deux est le roi, qui prend la main de Lyon pour la
mettre dans celle de la France. Cette scène, dans sa simplicité, a je ne sais quelle
grandeur qui devait être bien plus frappante encore dans les proportions de l’œuvre
définitive.

Blanchet était en même temps sculpteur et architecte, comme l’avaient été presque
tous les grands artistes du xvie siècle. Il a fourni un nombre incalculable de dessins
pour des autels, des tabernacles, des ornements de chapelle, des tribunes pour une
foule d’églises, et il a contribué pour une grande part aux embellissements du palais
Saint-Pierre.

Presque toute cette œuvre immense a péri faute de soin, comme il arrive trop
souvent dans les églises. S’il ne restait les plafonds de l’Hôtel de ville, le nom de Blan-
chet, si illustre il y a deux cents ans, pourrait disparaître dans l’oubli sans que per-
sonne s’en aperçût et songeât à protester.

Blanchet est mort en 1689 et n’a pas été remplacé à Lyon. On peut dire que l’his-
toire de Blanchet et de Jacques Stella comprend toute celle de la peinture à Lyon pen-
dant le xviic siècle. Les peintres que l’on cite à côté d’eux, sauf Van dcr Kabcl,
paraissent être demeurés bien au-dessous de ces deux remarquables artistes.

* EUGÈNE VÉRON.

(La suite prochainement.)
 
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