GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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est l’emblème vivant du soleil, mais on sent la cité républicaine, où la
loi résulte du concours de toutes les volontés particulières. Dans l’archi-
tecture grecque, chaque membre tient logiquement sa place, et son
importance est rigoureusement calculée d’après la fonction qui lui est
assignée par l’architecte. Vous n’y verrez pas, comme en Égypte, des
statues énormes, décorant chaque côté d’une porte toute petite, mais
une ornementation sobre et délicate vient enrichir les parties essentielles
du monument sans jamais en dénaturer le caractère. Si une statue semble
par ses proportions prendre dans l’édifice une importance prépondé-
rante, elle est placée à l’intérieur du monument, comme nous le voyons
dans la coupe du petit temple de Vesta restauré ; sa dimension s’explique
alors, car elle ne fait plus partie de la décoration de l’édifice, et devient
au contraire le principe même du monument, dont la construction exté-
rieure n’est en quelque sorte que l’encadrement.
Bien qu’il soit à Rome et bâti sous la période impériale, le petit
temple de Vesta appartient en réalité à l’architecture grecque. Si nous
voyons les véritables monuments romains, nous y retrouvons encore la
marque visible du rôle que Rome a joué dans l’histoire. Ces aqueducs,
ces thermes, ces basiliques, dont le monde romain était couvert, attestent,
en même temps que le génie des constructeurs, la nature même des insti-
tutions. Rome, en effet, est aussi éloignée des monarchies orientales que
des cités grecques, et son organisation, républicaine ou monarchique,
conclut toujours à l’omnipotence de ce que nous nommons aujourd’hui
l’État. L’individu tient peu de place dans cette société, et le caractère
hautement prononcé de ses édifices est l’utilité publique. Le but pour-
suivi semble toujours le même, et si l’art religieux paraît s’effacer derrière
les constructions civiles, c’est qu’en réalité Rome n’a jamais adoré qu’un
Dieu : le peuple romain.
Le livre de M. Gaillabaud nous montre ainsi, par l’examen approfondi
des édifices publics, le caractère de la civilisation de chaque peuple ;
mais si nous voulons entrer dans l’intimité même de la vie antique et
en étudier le caractère privé, nous prendrons le grand ouvrage de
M. Mazois, sur Pompéi b
Par le format, celui-ci appartient au genre colossal. Un texte par
M. Artaud accompagne et décrit les sujets gravés. A Pompéi, ce ne sont
pas des monuments que l’on cherche; ce qu’on veut surtout, c’est com-
prendre les mœurs d’une ville ancienne, dont les débris qu’on trouve à
chaque pas sont le commentaire vivant. Voici par exemple une enseigne
L Pans. — Firmin Dirlot.
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est l’emblème vivant du soleil, mais on sent la cité républicaine, où la
loi résulte du concours de toutes les volontés particulières. Dans l’archi-
tecture grecque, chaque membre tient logiquement sa place, et son
importance est rigoureusement calculée d’après la fonction qui lui est
assignée par l’architecte. Vous n’y verrez pas, comme en Égypte, des
statues énormes, décorant chaque côté d’une porte toute petite, mais
une ornementation sobre et délicate vient enrichir les parties essentielles
du monument sans jamais en dénaturer le caractère. Si une statue semble
par ses proportions prendre dans l’édifice une importance prépondé-
rante, elle est placée à l’intérieur du monument, comme nous le voyons
dans la coupe du petit temple de Vesta restauré ; sa dimension s’explique
alors, car elle ne fait plus partie de la décoration de l’édifice, et devient
au contraire le principe même du monument, dont la construction exté-
rieure n’est en quelque sorte que l’encadrement.
Bien qu’il soit à Rome et bâti sous la période impériale, le petit
temple de Vesta appartient en réalité à l’architecture grecque. Si nous
voyons les véritables monuments romains, nous y retrouvons encore la
marque visible du rôle que Rome a joué dans l’histoire. Ces aqueducs,
ces thermes, ces basiliques, dont le monde romain était couvert, attestent,
en même temps que le génie des constructeurs, la nature même des insti-
tutions. Rome, en effet, est aussi éloignée des monarchies orientales que
des cités grecques, et son organisation, républicaine ou monarchique,
conclut toujours à l’omnipotence de ce que nous nommons aujourd’hui
l’État. L’individu tient peu de place dans cette société, et le caractère
hautement prononcé de ses édifices est l’utilité publique. Le but pour-
suivi semble toujours le même, et si l’art religieux paraît s’effacer derrière
les constructions civiles, c’est qu’en réalité Rome n’a jamais adoré qu’un
Dieu : le peuple romain.
Le livre de M. Gaillabaud nous montre ainsi, par l’examen approfondi
des édifices publics, le caractère de la civilisation de chaque peuple ;
mais si nous voulons entrer dans l’intimité même de la vie antique et
en étudier le caractère privé, nous prendrons le grand ouvrage de
M. Mazois, sur Pompéi b
Par le format, celui-ci appartient au genre colossal. Un texte par
M. Artaud accompagne et décrit les sujets gravés. A Pompéi, ce ne sont
pas des monuments que l’on cherche; ce qu’on veut surtout, c’est com-
prendre les mœurs d’une ville ancienne, dont les débris qu’on trouve à
chaque pas sont le commentaire vivant. Voici par exemple une enseigne
L Pans. — Firmin Dirlot.