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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr. 5
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Delaborde, Henri: Des œuvres et de la manière de Masaccio
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0396

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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qui d’ailleurs ne sont pas toutes de la main du maître, à peine pour-
rait-on mettre au compte de celui-ci deux ou trois ouvrages authen-
tiques. C’est bien peu sans doute pour assurer la popularité à sa
mémoire; et cependant parmi les noms qui personnifient l’art italien et
qui passent pour en résumer le mieux les progrès, parmi les souvenirs
que nous ont transmis les historiens, les poètes, les voyageurs de tous
les temps et de toutes les nations, il n’en est guère de plus traditionnelle-
ment recommandés à la gratitude des artistes et à la vénération de la
foule que le nom et le souvenir de Masaccio.

A ne parler que des hommes de notre pays et de leur partialité per-
sévérante sur ce point, même aux époques où l’usage était chez nous le
plus général de confondre dans un égal dédain tous les devanciers, quels
qu’ils fussent, de Léonard et de Raphaël, même dans le siècle où le pré-
sident De Brosses pouvait, sans scandaliser personne, traiter délibérément
de « barbouilleurs » Giotto et les siens aussi bien que les prédécesseurs
immédiats ou les contemporains de Jean de Fiesole, on avait pour
Masaccio des ménagements exceptionnels ; on lui pardonnait presque,
sur la foi des Encyclopédistes} d’avoir appartenu à l’école « gothique »,
en considération de la bonne intention qu’il avait eue de « montrer, du
moins dans les attitudes, — ce sont les propres expressions de Watelet,
— quelque chose qui pouvait ressembler à de l’aisance et à de la grâce1 ».
Certaine tradition aidant de la jalousie dont le jeune peintre aurait été
l’objet pendant sa vie et de l’empoisonnement dont il serait, à vingt-six
ans, tombé victime, on éprouvait pour lui quelque chose de cette bien-
veillance attendrie qu’inspirent plus ou moins les héros de roman, et,
sans examiner d’ailleurs fort attentivement ses œuvres, on ne laissait
pas de s’intéresser de confiance à sa mémoire.

De nos jours on a fait plus, et peut-être en a-t-on fait un peu trop.
A force de prétendre relever les titres de Masaccio à l’admiration de la
postérité, on n’a pas toujours craint de déposséder en sa faveur d’autres
artistes et de lui attribuer, avec quelque excès de libéralité, des œuvres
dont ceux-ci en réalité étaient les auteurs; à force de célébrer l’impor-
tance des innovations introduites dans l’art florentin par le réformateur
quattrocentista, on en est arrivé pour ainsi dire à exagérer la justice et à
transformer en initiateur souverain, en une sorte de messie sans précur-
seur, un prophète inspiré de haut, — cela est certain, — mais venu à
son tour après bien d’autres.

11 nous semble donc prudent de n’admettre que sous bénéfice d’in-

1. Dictionnaire des arts, t. I, p. 211, au mot école.
 
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