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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr. 5
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Delaborde, Henri: Des œuvres et de la manière de Masaccio
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0411

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DES ŒUVRES ET DE LA MANIÈRE DE MASACCIO.

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de nous-mêmes. Masaccio, lui, ne saurait avoir ni cette force pénétrante
ni cet irrésistible ascendant sur notre cœur. Son lot est d’intéresser
surtout l’esprit, d’éclairer le goût, de persuader la raison; il n’est pas
de s’emparer bon gré mal gré de notre imagination et de la subjuguer
de haute lutte.

A quoi bon, du reste, insister sur ces rapprochements ou même évo-
quer ces souvenirs? Pour assigner à Masaccio sa juste place dans l’école
florentine et pour estimer à leur prix les œuvres qu’il a laissées, il n’est
pas besoin de s’informer ailleurs qu’en face des monuments de l’art
florentin lui-même et auprès des artistes dont le peintre de la chapelle
del Carminé a tantôt suivi les traditions ou perfectionné les méthodes,
tantôt déterminé les progrès. Or, s’il n’y a que justice à reconnaître l’ac-
tion exercée sur lui par plusieurs de ses prédécesseurs ou de ses contem-
porains ; si, par exemple, au point de vue de la vraisemblance dans
l’imitation des physionomies ou des formes, il faut tenir compte des utiles
enseignements fournis à Masaccio par quelques-uns de ses aînés, par
Lorenzo Ghiberti entre autres 1 ; si enfin l’on doit se rappeler que ce
même Ghiberti et Paolo Uccello avaient découvert et fixé scientifiquement
les lois de la perspective dont Masaccio devait faire à son tour une habile
application, — n’est-il pas bien juste aussi de voir dans les fresques del
Carminé l’origine et, à quelques égards, le modèle de bon nombre des
œuvres qui ont suivi ? On sait qu’à partir de la seconde moitié du xve siècle
la chapelle qu’avait peinte Masaccio devint, pour les apprentis de l’art
quels qu’ils fussent, un lieu d’étude classique, une sorte de lycée où tous
les futurs peintres ou sculpteurs travaillèrent successivement à acquérir
un commencement d’expérience et à s’approvisionner de souvenirs. Vasari
nous a donné la longue nomenclature des artistes diversement célèbres
qui, avec ou après Léonard de Vinci et Michel-Ange, étaient venus dans
leur jeunesse se former à cette école. Certes, à ne regarder qu’aux sur-
faces, à n’examiner que les apparences variées des ouvrages qu’ils ont
produits à l’époque où ils étaient eux-mêmes passés maîtres, l’unité de
leur éducation première ne se trahit pas tout d’abord ; mais si l’on ne

1. Ghiberti, né en 1384, par conséquent vingt et un ans avant Masaccio, avait déjà
terminé et mis en place la première de ses portes du Baptistère lorsque Masaccio
entreprit la décoration de la chapelle del Carminé. Il y a lieu de penser même que le
jeune peintre avait été l’élève du sculpteur, bien que le fait ne soit établi par aucun
document positif. En tout cas on no saurait guère admettre, avec Vasari et la plupart
des écrivains qui se sont fait après lui les biographes de Masaccio, que celui-ci ait
eu pour maître Masolino da Panicale, c’est-à-dire un artiste plus âgé que lui d’une
année seulement.
 
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