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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr. 5
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Davillier, Jean Charles: La vente du mobilier du chateau de Versailles pendant la Terreur, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0488

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456

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dépouilles des châteaux royaux, et on les retrouvait jusque dans les
hôtels garnis.

Après l’incurie, l’indifférence et le vandalisme, le vol et le pillage
contribuèrent encore à faire sortir de France un nombre infini d'objets.
Écoutons un témoin qui n’est pas suspect : « Le mobilier appartenant à
la Nation, disait Grégoire devant la Convention, a souffert des dilapida-
tions immenses, parce que les fripons, qui ont toujours une logique à
part, ont dit : Nous sommes la Nation, et quoiqu’en général on doive
avoir mauvaise idée de quiconque s’est enrichi dans la Révolution, plu-
sieurs n’ont pas eu l’adresse de cacher des fortunes colossales élevées
tout à coup. Autrefois ces hommes vivaient à peine du produit de leur
travail, et depuis longtemps ne travaillant pas, ils nagent dans l’abon-
dance.

et C’est dans le domaine des arts que les plus grandes dilapidations
ont été commises. Ne croyez pas qu’on exagère en disant que la seule
nomenclature des objets enlevés, détruits ou dégradés, formerait
plusieurs volumes.

«... Les antiques, les médailles, les pierres gravées, les émaux de
Petitot, les bijoux, les morceaux d’histoire naturelle d’un petit volume,
ont été plus fréquemment la proie des fripons. Lorsqu’ils ont cru devoir
colorer leurs vols, ils ont substitué des cailloux taillés, des pierres fausses
aux véritables. Et comment n’auraient-ils pas eu la facilité de se jouer
des scellés, lorsqu’on saura qu’à Paris même, il y a un mois, des agents
de la municipalité apposaient des cachets sans caractères, des boutons et
même des gros sous, en sorte que quiconque était muni d’un sou pou-
vait, à son gré, lever et réapposer les scellés 1 ?

\. Il n’est pas sans intérêt de consulter à ce sujet les caricatures de l’époque de la
Révolution. Nous en citerons seulement trois, de l’année 1793, qui appartiennent au
Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale.

La première, gravée en couleur, est intitulée : « Président d'un Comité révolu-
tionnaire après la levée d'un scelé (sic) ». Un homme à figure patibulaire, coiffé
d’un bonnet rouge et vêtu d’une'carmagnole, s’enfuit, tenant d’une main un sac d’ar-
gent, et de l’autre de l’argenterie; des couverts sortent de ses poches, et plusieurs
chaînes d’or pendent à sa ceinture.

La seconde représente deux vauriens déguenillés armés de bâtons noueux : « Aris-
tide et Brise-Scellé. — Se trouve chez le marchand de curiosités, rue Coquillière,
n° 10... »

Dans la troisième, enfin, on voit une bande de gueux armés de piques, et on lit
au-dessous :

Cf PATROUILLE REVOLUTIONNAIRE.

(< Amis quelle moisson sofre à notre courage!

'Laissons là les lauriers, mais courons au pillage! »
 
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