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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 14.1876

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Nr. 6
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D'Adda, Girolamo: Le tombeau de Gaston de Foix, [2]: art et industrie au XVIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.21842#0520

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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M. Robinson, du South Kensington Muséum, découvrit en 1860 un
dessin qui paraît représenter l’un des projets du sarcophage1. Ce dessin,
maintenant dans les portefeuilles de ce musée anglais et reproduit dans
notre précédent article, correspond assez à la description qu’en 1785
nous en laissait Rianconi. Donné d’abord en proportions réduites par
M. Robinson et par le Politccnico de Milan, comme illustration d’un article
de Biondelli, il avait dans le temps appartenu aux frères Woodburn.

Un fait à signaler, soit dans ce premier dessin du sarcophage modi-
fié depuis, soit dans les bas-reliefs et autres motifs d’ornementation de
la chapelle destinée à l’accueillir, est l’absence complète de caractère
trop funèbre. M. Viollet-le-Duc a noté que ce n’est que depuis lexvi® siècle
qu’on entoura les tombeaux d’emblèmes, d’attributs ou d’allégories rap-
pelant la douleur sans retour, la décomposition, l’anéantissement, lia
bien raison. C’est en effet seulement vers la fin de la Renaissance que
nous voyons paraître sur les mausolées ces allégories lugubres, ces ca-
davres au ventre ouvert et grouillants de vers, tels que sur le Tombeau de
Louis XII et d’Anne de Bretagne, à l’intérieur de l’édicule du monument
exécuté par Jean Juste, un des premiers qui aient doté le ciel de l’art d’un
rayon macabre, après la Renaissance. Bien peu d’années séparent l’époque
de l’érection de ces deux monuments, et pourtant le caractère en diffère
essentiellement. Dans celui de Gaston nous ne voyons qu’attributs guer-
riers, emblèmes de combats glorieux, souvenirs de faits d’armes victo-
rieux ; le tout dans un style rappelant l’antique, modifié si l’on veut par
l’idée chrélienne, mais sans aucun mélange de ces représentations rap-
pelant les Danses macabres, ou autres terreurs de cerveaux malades.
« Ce n’est plus l’idée païenne, ditM. Viollet-le-Duc, c’est l’idée chrétienne
de la mort, mais de la mort qui délivre ; rien de trop désolé, rien surtout
de repoussant; tout est inspiré par l’espoir et la glorification clans l’ave-
nir comme dans le présent. »

De ces travaux inachevés, destinés cl’abord à la cathédrale de Milan,
eu égard à la qualité royale du personnage, mais qui n’ont jamais consti-

I. Il y a dans le fond de ce dessin une trace légère de l’édicule au milieu de
laquelie le sarcophage devait évidemment être posé; et cela vient confirmer les déduc-
tions qu’on peut tirer de la lettre de la prieure. Le musée de South Kensington
demanda, il y a quelques années à un artiste milanais, mouleur très-habile, Pietro
Pierotti, la reproduction en stuc de tous les fragments connus, ce qu’il exécuta d’une
façon plus que satisfaisante, à l’aide d’un procédé, soit de son invention, soit per-
fectionné par lui, avec lequel il obtint le moule entier et d’un seul jet, même des
rondes bosses les plus en saillie. Cela pourrait peut-être aider à la reconstruction
probable du projet entier de la chapelle et du mausolée.
 
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