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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Mantz, Paul: Adrien Brauwer, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0045

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ADRIEN BRAUWER. 39

u» 279 de l’inventaire de 16AO : A combatt of three where thcy strike
wilh llie pott.

La pointe délicate de M. de Mare reproduit ici le tableau de la Rixe.

Mais il n’y a pas que des batailles dans Brauwer. La Pinacothèque de
Munich nous révèle le maître dans la variété de son caprice ; elle nous
rappelle qu'il n’a pas toujours cherché les violences du drame. Le Jeu de
cartes est une scène calme et enjouée. Sept paysans sont assis autour
d’une table que recouvre un tapis d’un bleu cendré, une loque aux tons
éteints qui fut jadis radieuse. Le principal personnage a été bien
servi par le sort; il montre les cartes triomphantes qui assurent sa vic-
toire, et son large rictus dit bien haut qu’il est le plus heureux du monde1.
Les autres attendent, satisfaits de passer leur après-dîner dans des délas-
sements qui ne sont pas essentiellement ceux de la mauvaise compagnie.
Au fond, un homme, saisi dans une attitude que Brauwer a beaucoup
aimée, se chauffe debout et les mains derrière le dos, pendant qu’une
femme, assise sur un banc près de la cheminée, lui parle de choses qui
ne l’intéressent pas. U y a dans ce tableau limpide des tons tout à fait
brillants : j’ai dit le tapis bleu ; je dois ajouter que l’un des joueurs a un
vêtement d’un vert olivâtre et un bonnet rouge; un autre s’habille d’une
casaque grise et de chausses dont le rouge forme aussi la couleur
dominante. Enfin à la muraille du fond s’ouvre une porte étroite qui
laisse voir, avec un bout de ciel, la campagne verte et les gaietés du
printemps commencé.

Pour en finir avec les Brauwer de Munich, il reste à parler d’un chef-
d’œuvre intime que nous appellerions volontiers la Famille. Dans un
coin, la haute cheminée devant laquelle un jeune paysan se chauffe,
les mains croisées derrière le dos. Un tonneau sert de table : on y voit
des linges, un pot de terre, un pain, des nourritures indistinctes. Ces
choses serviront, car le maître du logis a beaucoup d’enfants. L’un d’eux
soulève une écuelle, l’autre, encore tout petit, est sur les genoux de sa
mère, qui, un gobelet à la main, enseigne à cet innocent l’art suprême,
l’art de boire. L’homme qui se chauffe contemple cette scène avec ravis-
sement, car — ce tableau le démontre — Brauwer a tout compris : il a
eu des heures de tendresse. Près du groupe familial, quatre voisins qui
fument et qui chantent. Ce sont des amis de la maison. Sur le premier
plan, une belle chienne dort en compagnie de trois petits chiens qui
s’agitent et se traînent avec toutes les gaucheries inséparables d’un pre-

1. Cette figure, d’un caractère très écrit, est celle qui a été gravée en tête de lettre
à la première page de notre étude. (V. t. XX, p. 465.)
 
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