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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Adrien Brauwer, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0046

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mier début. A droite s’ouvre une grande fenêtre, rectangle' aux lignes
fuyantes, dont la perspective fait un trapèze. On entrevoit un ciel prin-
tanier et des arbres d’une verdure claire. La rustique demeure est comme
assainie par l’air extérieur, et la gaieté du rayon s’ajoute à la joie du foyer.

Je dois le dire : cette ouverture sur la campagne verte, celle que
nous avons signalée dans le tableau précédemment décrit, le Jeu de
caries, ne sont pas sans éveiller dans l’esprit de curieuses conjectures.
Devant ces lumineuses échappées qui font songer, non au paysage roussi
des Van Goyen, des Isaac Ostade ou des Cuyp, mais à la fraîche nature
flamande, on rêve à un Brauwer qui travaille à Anvers, pas loin de
Rubens, et qui a quelques-unes des qualités du paysagiste. II l’était en
effet. Comment oublier ici ce que les vieux textes nous apprennent ?
Dans la collection de Rubens il y avait, nous l’avons dit, trois paysages
de Brauwer, entre autre un Lever de soleil. Au xvnu siècle, la tradition
n’était pas tout à fait perdue. En 1745, Gersaint vendit, parmi les curio-
sités du cabinet d’Antoine de la Roque, un « petit paysage » de Brau-
wer. L’œuvre ne fut pas très chèrement payée : 16 livres 19 sous seule-
ment. Mais la médiocrité de ce prix inavouable ne prouve rien contre
l’authenticité du tableau. On n’a pas compris, voilà tout.

Si nous affirmons qu’il a existé, qu’il existe sans doufe encore des
paysages de Brauwer, c’est parce que nous tenons pour certain que les
honnêtes gens qui ont dressé l’inventaire de la collection de Rubens
devaient être exactement informés de la provenance des œuvres qu’ils
enregistrèrent sur leur catalogue, et que leurs indications sont celles-là
mêmes que l’illustre propriétaire aurait fournies. Cette conviction justi-
fierait une recherche qui n’a pas encore été systématiquement poursui-
vie, mais qui aboutira tôt ou tard. Déjà Waagen a signalé à Londres,
dans la galerie Munro, un Troupeau de porcs dans un paysage que
réchauffent les lumières dorées du soir. Nous-même, nous avons jadis
parlé, dans la Gazette, de l’étrange peinture queM. Suermondt exposait
à Bruxelles, en 1874, et qui, si elle n’a pas été distraite de la précieuse
collection dont elle faisait partie, a dû prendre le chemin de Berlin.
C’était un Clair de lune, du caractère le plus étrangement original. Sur
le devant du tableau, disions-nous, quelques paysans : à droite une
chaumière ; dans le fond un fleuve, et, au-dessus de cette humble cam-
pagne, un ciel dramatique où la lune pâle donne aux nuages des reflets
d’argent. Évidemment nous avons là sous les yeux un paysage que
l’artiste a fait pour lui-même, sans songer à sa clientèle et pour garder
aux murs de son atelier le souvenir d’une nuit qui l’avait ému.

Nul doute sur l’authenticité de l’œuvre, marquée du monogramme A B
 
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