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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Lefort, Paul: Velazquez, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0131

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VELAZQUEZ.

123

Mais ce qui nous préoccupe ici, ce sont moins les agissements de
l’heureux diplomate, tant de fois exposés déjà et si bien mis en
lumière par nombre de biographes et d’érudits, que la rayonnante auto-
rité du génie du peintre1.

A en croire Pacheco, bien placé du reste pour recueillir ces pré-
cieuses particularités, Rubens et Velâzquez avaient déjà échangé quel-
ques lettres avant de se rencontrer. Aussi, dès l’arrivée à Madrid de
l’illustre Flamand, Velâzquez fut-il tout naturellement chargé par le
comte-duc d’exercer auprès de Rubens les soins et les devoirs de l’hospi-
talité la plus affectueuse.

Durant neuf mois, les deux peintres vécurent dans une étroite inti-
mité. Ensemble ils visitèrent les palais des grands, les résidences
royales, en étudièrent les riches collections, chassèrent avec la cour aux
environs de l’Escurial ou dans les bois du Pardo, partagèrent le même
atelier, et eurent sans doute maintes fois, sur les choses de leur art, des
entretiens qui, s’ils nous avaient été conservés, acquerraient, à notre
point de vue, un bien autre intérêt que celui de connaître par le détail
comment et au prix de quels patients efforts Rubens en devait arriver,
malgré les obstacles suscités à sa mission par le cardinal de Richelieu,
à rapprocher les deux cours de Madrid et de Londres.

Rubens avait alors cinquante et un ans. Sa fortune, sa renommée,
son merveilleux génie, dont la fécondité et le prestige ne devaient con-
naître ni défaillance ni déclin, étaient, depuis de longues années déjà,
dans tout leur éclat. 11 y avait loin de cette situation, qui le faisait à cette
heure l’égal ou l’ami recherché des plus nobles et des plus grands, à
celle qui l’avait conduit une première fois en Espagne, sous le précédent
règne (en 1603), alorsque, par ordre duducde Mantoue, il venait accom-
pagner à Valladolid les présents en tableaux, carrosse, chevaux, arque-
buses à secret, vases de cristal de roche et autres objets précieux, offerts
par Vincent de Gonzague, son maître, à Philippe III, au puissant pre-
mier ministre, duc de Lerme, à la comtesse de Lemos et au secrétaire
Pedro Franqueza. Pourtant, à ce nouveau voyage, Rubens apportait
encore au roi Philippe IV un présent de tableaux, — « huit toiles », dit
Pacheco ; — mais, tout royal qu’il fût, le présent, cette fois, était sien.

1. Au sujet des missions de Rubens à Londres et à Madrid, v. Gazette des Beaux-
Arts, t. XX et suivants; Lettres inédites de Rubens, par M. Émile Cachet; Original
unpublished papers illustrative of the life of sir Peter Paul Rubens, par W. Noël
Sainsbury; Particularités et documents inédits sur Rubens, par M. Gachard; Rubens
diplomalico espanol, par M. Gruzada Villaamil ; Histoire de la peinture flamande et
Rubens et l’École d’Anvers, par M. Alfred Michiels.
 
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