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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Lefort, Paul: Velazquez, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0132

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Aisément on devine avec quelle déférence, quel empressement,
Velâzquez, bien jeune encore, à peine connu, altéré de savoir, d’expé-
rience, désireux d’agrandir le champ de ses éludes, et amoureux sur-
tout, comme il l’était, de son art, dut se mettre aux ordres de ce sédui-
sant et fastueux compagnon, et de quel inestimable prix la faveur d’une
telle intimité dut lui paraître.

Les belles et affables manières, l’érudition, les vastes connaissances,
les charmes de la conversation de Rubens, ses avis donnés avec la plus
extrême courtoisie et, plus encore, ses exemples, auxquels tout un passé
de chefs-d’œuvre communiquait une si particulière autorité, ne pou-
vaient guère manquer d’ouvrir de nouveaux horizons à la vive intelli-
gence de Velâzquez, et d’exercer sur le développement de sa propre ori-
ginalité une influence plutôt suggestive, à la vérité, qu’effective, et dont
il importe de démêler et de fixer nettement le véritable caractère. C’est
chose assez ordinaire, en cette subtile matière, que de voir les bio-
graphes de Rubens céder à de faciles préventions et se laisser aller à
exagérer ou à dénaturer la jiortée toute morale de cette influence.
Quand nous aurons dit qu’un de ses effets les plus marqués fut de
faire naître chez le maître espagnol le désir de visiter l’Italie, afin cl’en
étudier les écoles et d’en interroger, à leurs berceaux mêmes, les
manifestations variées, on comprendra vite qu’entre ces deux génies,
de puissance bien différente, merveilleusement mais si diversement
doués tous deux, et au fond si opposés de tendances, quoique rattachés
à un même et commun principe, le naturalisme, il ne s’en alla pas un
seul moment de leçons professées et, pas davantage, d’imitation ou
d’assimilation plus ou moins servile. Au contact de Rubens, comme plus
tard au contact des chefs-d’œuvre italiens, Velâzquez resta simplement
ce qu’il était, l’élève de lui-même, l’observateur attentif et soumis de la
nature, le fidèle et scrupuleux traducteur des phénomènes de la vie.

Rien donc d’arbitraire et d’inexact comme cette assertion, si facile-
ment acceptée et maintes fois reproduite, que le tableau des Borraclios
porte la manifeste empreinte des formules et des pratiques de Rubens.
INi dans le style, ni dans la construction, ni dans la technique, pas plus
du reste que dans le sentiment des colorations et dans le maniement et
le choix des tons, nous ne trouvons l’ombre d’un rapport ou d’un rappro-
chement possible. Au vrai, cette peinture si naïvement réaliste et for-
melle est précisément à l’art de Rubens ce que le positivisme est à la
métaphysique. Vainement d’ailleurs on chercherait quelles relations,
quelles affinités pourraient être raisonnablement établies entre ces deux
tempéraments de valeur si impossible à comparer. Génie de nature mul-
 
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