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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0170

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160 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

robuste et dans l’harmonie de ses lignes, c’est un vrai chef-d’œuvre d’or-
fèvrerie.

Comme on le voit, il est d’une forme exceptionnelle. C’était le ciboire
où l’on conservait les hosties et qui se suspendait par un anneau dans le
ciborium, au-dessus du maître-autel. 11 suffisait d’ôter les deux goupilles
latérales pour séparer absolument le couvercle et rendre la coupe à son
usage de calice.

Dans le même trésor, on conserve un pavillon donné par l’archevêque,
M. de Gondrin. C’est une sorte de dais fort lourd, donné soit en 1659,
soit plutôt en 1665 ou 1666, comme l’a écrit le Père Guichard. En le
croyant d’argent massif, alors qu’il n’est que de cuivre revêtu d’une très
forte épaisseur d’argent, celui-ci a écrit qu’il était « plus estimé pour la
délicatesse avec laquelle l’ouvrier l’a travaillé que pour la matière ». Nous
le trouvons plutôt gros et épais avec l’épatement de sa couronne fleurde-
lisée, son quadrillage de losanges fleuronnés et sa raide garniture de
lambrequins entremêlés et accompagnés de petites campanes dans le
goût commençant que Jean Berain a fait régner jusqu’à la fin du règne de
Louis XIV. Pourtant il faut, pour être juste, le supposer à son point de
perspective. Quand il était monté à sa hauteur et qu’il était étoffé par
deux longs rideaux qui allaient en s’écartant rejoindre les côtés du chœur,
il devait avoir de l’effet et s’alléger singulièrement. On le voit mainte-
nant de beaucoup trop près et en dehors des conditions d’éloignement de
l’œil pour lesquelles il a été conçu; la rudesse même et la raideur du
travail y sont volontaires et devaient lui permettre de ne pas devenir uni
et de conserver la forme de ses détails. Sans le rattacher au plafond du
grand autel à colonnes du xvni° siècle, où il a cependant figuré, il serait
mieux à sa place et plus à son avantage si on le suspendait au centre
de la voûte du trésor.

Le ciboire qu’il protégeait avait même un nom particulier : il s’ap-
pelait la coupe, et il a toute une histoire. En 1541, un pauvre jeune
homme, qui prétendit avoir cédé à l’instigation d’un orfèvre, le vola,
et Sens fut encore plus ému que de la perte de ses cloches au
temps de Clotaire. L’orfèvre fut innocenté et n’eut rien, mais Jean
Pagnard fut brûlé vif, quoiqu’on eût retrouvé la coupe. On éleva même
une chapelle construite en applique entre deux contreforts de la vieille
boucherie, démolie maintenant, comme va l’être bientôt l’ancien Hôtel-
Dieu, contre le côté droit duquel elle était construite. Dans la grande
lithographie de Victor Petit, qui nous en a seule conservé le souvenir,
on voit que c’était un bâtiment étroit et en hauteur, cantonné de colonnes
et divisé en deux étages, l’étage inférieur n’ayant que trois ouvertures
 
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