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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Portalis, Roger: La collection Walferdin et ses Fragonard
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0314

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qui fut immédiatement exécuté sur la demande que fit au sculpteur
l’abbé d’Espagnac. Le lendemain, cet abbé rendit compte de sa mission à
la Société des Amis de la Constitution, dont Mirabeau était membre, pro-
posa la commande du buste et l’informa du prix que l’artiste désirait. Ce
prix était de 1,000 écus pour un marbre et de A,000 livres pour un
bronze. La commande était faite quand les artistes réclamèrent un con-
cours pour son exécution, exigence devant laquelle Houdon se retira, et
son buste fut simplement exposé au Salon de 1791. Bien qu’il porte encore
l’empreinte des dernières souffrances qu’ait ressenties Mirabeau, « on ne
peut contempler sans attendrissement, ajoute Lucas de Montigny, le
noble calme de ce visage ». C’est donc bien une terre cuite originale qui
se retrouve ici, et elle a tous les caractères d’authenticité que peut
apporter sa présence à la vente après décès de Houdon.

Mais ne nous attardons pas. La richesse et, pour tout dire, la gloire
de la collection, c’est Fragonard, c’est l’enchanteur mûri aux ardents
rayons de sa lumineuse Provence, et dont les premiers regards ont aperçu
au travers des oliviers les échappées d’azur de la Méditerranée. Car
on doit remonter aux origines d’un peintre pour bien comprendre et
apprécier ses œuvres. Celles-ci ont les ardeurs, les vivacités, les saveurs
et les chants d’amour de sa chaude patrie, comme aussi ses notes atten-
dries et ses lointains vaporeux. Fragonard procède encore de son pre-
mier maître Boucher; nourri, dans l’atelier du peintre des Grâces, d’un
« lait où baignent des roses », il conservera toujours la facilité et la facture
large acquises auprès de l’artiste auquel les Gobelins doivent tant de
beaux modèles. Sur l’ordre du maître, il concourt et remporte le prix.
Le voilà pensionnaire à l’Académie de France, à Rome. Là, devant les
chefs-d’œuvre consacrés par l’admiration universelle, le peintre élégant,
mais tout de pratique, se sent bouleversé. « L’énergie de Michel-Ange
m’effrayait, disait-il; devant les beautés de Raphaël, le crayon me tom-
bait des mains. »

Aussi cherchait-il de tous côtés sa voie, quand des modèles moins
redoutables lui montrèrent enfin celle où devait se développer son talent.
Le charme et le sourire des vierges de Baroccio, les grandes décorations
de Pierre de Gortone, l’effet violent des compositions de Tiepolo, les
colorations fondues de Solimène, à Naples, furent pour lui autant de
révélations. De retour à Paris, vers 1763, le jeune homme, qui n’avait
pas abandonné l’espérance de devenir un peintre de grand style, cher-
cha à utiliser les souvenirs de ses années d’étude en prenant ses sujets
dans la fable ou l’histoire. C’est à cette époque de son existence que nous
rapporterions une belle esquisse mouvementée et sombre, connue sous
 
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