Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Portalis, Roger: La collection Walferdin et ses Fragonard
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0316

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
302

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de ce sujet de Chorésus se sacrifiant pour sauver Callirhoé, qui le tente
par le dramatique de l’action et où il sent qu’il pourra donner libre
carrière aux colorations heureuses de son pinceau. C’est la brillante
composition qui a été décrite avec sa magie de style par Diderot, dans
son Salon de 1765.

L’esquisse si colorée qui se trouve ici est très différente du tableau
acheté par le roi pour être reproduit en tapisserie, et actuellement au
Louvre. Au lieu de tomber affaissée, Callirhoé est encore debout, ren-
versée dans les bras des femmes qui l’entourent, et la figure du grand
prêtre de Bacchus, à peine indiquée, apparaît dans le fond; aussi cette
toile est-elle intéressante à rapprocher de l’œuvre qui fonda la réputation
de l’artiste, à cause des changements qu’il y apporta par la suite.

A ces tentatives de peinture d’histoire, couronnées d’un succès dont
plus d’un se serait contenté, nous devons rattacher quelques sujets reli-
gieux produits sous l’influence de certaines œuvres de Murillo, telles que
le tableau bien connu de la Nativité. L’on y retrouve sa lumière, ses colo-
rations fondues, ses fumées célestes s’élevant de toutes parts et donnant
à la peinture un /lou délicieux ; « Dans le genre flou, disait Diderot, il
faut être d’un fini précieux et enchanter par les détails. » Si l’harmonie
et la finesse de touche de la Visitation de la Vierge, petite toile com-
mandée par le duc de Grammont et la même sans doute qui passa aux
ventes du prince de Conti et de Bandon de Boisset, peut justifier cet
aphorisme artistique, il n’en est pas de même de ce tableau lumineux et
doré, Y Education de la Vierge, que Fragonard a dû laisser intention-
nellement dans le vague et dont on retrouve encore ici un magnifique
dessin au crayon noir lavé d’encre de Chine. La composition qui nous
occupe ne paraît pas terminée, il semble même que, pour lui donner
quelque chose de mystique et de plus céleste, le peintre l’ait volontaire-
ment laissée indécise. Les traits de l’enfant, s’appuyant sur sa mère et
lui demandant l’explication de quelque prophétie, sont expressifs, quoi-
que à peine indiqués. La teinte dorée du vêtement de la Sainte, les molles
blancheurs de la robe de la Vierge, les fumées blondes ou rougeâtres
particulières à l’artiste obscurcissant les fonds de manière à concentrer
toute la lumière sur les figures, tout concourt à donner à cette belle toile
un éclat vraiment surnaturel.

Mais alors, comme aujourd’hui, les grands ouvrages et les sujets
sérieux étaient difficiles à caser, .les amateurs donnant leurs préférences
au genre et aux paysages, qui mettent une note gaie aux panneaux de
leurs intérieurs et sont comme une fenêtre ouverte sur les horizons
bleus. La difficulté que le peintre éprouva pour se faire payer par le
 
Annotationen