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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Portalis, Roger: La collection Walferdin et ses Fragonard
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0338

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LA COLLECTION WALFERDIN.

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cœurs des jeunes princesses romaines et faire son malheur en épousant
M1Ie Babuty.

Ce n’est aussi qu’une ébauche, cette Tête de jeune garçon, du même
artiste, qui nous conserverait, dit-on, les traits du frère de Ml,c Ledoux,
élève du maître; mais, dans le vague adorable où le peintre l’a laissée,
on devine une âme, et l’on pressent une intelligence. Terminons les por-
traits par l’indication d’une étude de la tête de Rabaut Saint-Étienne,
par David, pour son tableau du Serment du jeu de paume. Un Profil de
jeune homme et le portrait de sa maîtresse nous révèlent l’énergique
pinceau de Géricault et sont accompagnés de belles études à la plume
pour le Naufrage de la Méduse. Le Singe maître d’école, de Gillot ou
de Watteau, semble quelque panneau détaché du salon des Singes de
Chantilly, et deux curieuses assiettes furent peintes dans sa prison, pen-
dant la Terreur, par Hubert Robert, heureux passe-temps qui lui faisait
revoir en souvenir les horizons bleus et les cours d’eau limpides.

Enfin, disons un mot de quelques dessins qui cloront dignement
cette étude, où nous laissons à regret, sans les signaler, beaucoup de
bonnes choses. On retrouve à un haut degré le sentiment et l’expression
profonde, que Greuze savait si bien exprimer, dans une encre de Chine,
rehaussée de couleur, représentant le Paralytique entouré de sa famille,
qu’il serait intéressant de rapprocher de son célèbre tableau. Plusieurs
piquantes Têtes de femmes de Watteau, un joli dessin de Boucher, que
l’on pourrait appeler l’Amour brouetteur, auprès duquel se détache avec
vigueur son étude pour M. de Pourceaugnac • de Gillot, la Fête de Diane
et la Fête de Pan, sanguines qui ont été gravées par le maître même.
La première pensée à la plume, sur papier bleu, du Premier baiser de
l’Amour de Prud’hon, et l’allégorie de la Seine-Inférieure, un de ces
en-têtes de lettres si terminés, au crayon, rehaussé de blanc, travail
que le grand artiste était obligé d’exécuter pour vivre; enfin quelques
autres bons dessins signés des noms les plus aimés de l’école française.

Telle qu’elle s’ofïre aux amateurs de notre époque, la collection Wal-
ferdin,dont la vente inespérée va être une bonne fortune pour eux, pré-
sente un ensemble d’œuvres franches et sincères impossible à reformer.
Fragonard s’y révèle dans ses diverses personnifications, tour il tour
peintre d’histoire, de genre et d’intérieurs, paysagiste, rival des Fla-
mands et des Hollandais, créateur séduisant de la fantaisie, portraitiste,
miniaturiste, aquafortiste, spirituel dessinateur et, dans un genre tout
particulier, illustrateur de livres sans pareil. Une telle réunion, qui nous
fait pénétrer pour ainsi dire dans la vie intime du peintre et nous en livre
les secrets, ne peut que le faire apprécier davantage. Nous vivons à un

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