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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Fillon, Benjamin: Pour qui fut peint le portrait d'Érasme par Hans Holbein
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0345

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328

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

On peut affirmer à l’avance qu’il était en parfaite consonance avec son
aspect extérieur. La tonalité générale devait en être doucement austère.

IV

Le portrait d’Érasme a été plusieurs fois modelé, peint, dessiné ou
gravé; mais il n’est pas facile, au premier abord, de dégager les origi-
naux de la foule des œuvres de seconde main et des copies. Il faudrait
commencer par dresser la liste chronologique de ces portraits, afin de
se rendre un compte exact des modifications successives éprouvées par
la physionomie du philosophe, et de procéder plus sûrement ensuite à
l’élimination des apocryphes. Cinq ou six types différents au plus, y
compris la médaille de 1519, resteraient en définitive. Le sujet a son
intérêt et mériterait qu’un curieux y consacrât ses soins.

Parmi les artistes qui ont abordé cette tâche périlleuse figure Albert
Durer1. Pourquoi ne pas avouer tout cl’abord qu’il y échoua complète-
ment? L’esprit toujours hanté par les traditions gothiques tudesqurs,
resté comme étranger à la Renaissance, il ne comprit rien du tout à son
modèle. L’auteur du Chevalier cle la Mort se trouva mal à l’aise en face
de celui de l’Éloge de la Folie. Aussi quoi de moins ressemblant que son
estampe?

Hans Holbein avait, au contraire, en lui tout ce qu’il fallait pour
rendre admirablement le visage en biseau de ce disciple de Cicéron, né
dans les brumes bataves, de cet humaniste, précurseur de Rabelais,
rendu sceptique par les disputes écœurantes des théologiens, et qui. de
la tolérance ayant fait sa patronne, était devenu suspect aux orthodoxes
des deux partis. Une attraction mutuelle entraîna, l’un vers l’autre, le
philosophe et l’artiste. Holbein devint le peintre en titre d’Érasme ; tous
les deux s’en trouvèrent bien.

Je n’ai point à rechercher ici l’époque précise où leurs relations
commencèrent. D’autres, mieux pourvus de documents originaux et plus
compétents en ces matières, sauront déterminer une date non encore
connue. Je ne dois pas franchir, présentement, les limites de l’horizon
restreint ouvert devant moi par l’autographe reproduit plus haut. Reve-
nons à lui.

Il nous apprend, entre autres choses, que Thomas Morus avait fait
présent au fidèle confident de sa jeunesse et de son âge mûr de trois

'1. Le portrait, gravé par lui, porte la date de 1326.
 
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