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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Fillon, Benjamin: Pour qui fut peint le portrait d'Érasme par Hans Holbein
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0349

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332

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

clans cette hospitalière maison de Chelsea, peuplée de femmes distin-
guées, qu’entoure le respect, et, malgré son austérité, il tient à se
présenter convenablement accommodé devant elles. 11 a voulu surtout
cju’on le peignît de profil, aspect le plus propre à faire valoir sa tête de
renard et à la montrer sous sa forme la plus avantageuse.

Quel caractère l’artiste a su donner aux mains ! Mains au geste réservé,
aux ongles correctement taillés court; mains laborieuses, infatigables à
feuilleter les livres, tenaces à la possession des choses. Holbein les avait
soigneusement étudiées; il les avait dessinées à diverses reprises. Quel-
ques-unes de ces études, à la mine d’argent mêlée de pierre noire et de
sanguine, figurent au Louvre, dans la galerie des dessins, sous les numé-
ros 517 et 518.

La façon dont la droite tient le calame est particulièrement caracté-
ristique, tout à fait en rapport avec l’écriture d’Érasme, nette, claire,
aux lignes espacées, n’ayant rien de hâtif, très propre aux œuvres d’où
les passions élevées sont parfois absentes; écriture d’un homme qui ne
donne quoi que ce soit au hasard et pèse la valeur des mots avant de les
laisser aller sur le papier.

Cette recherche minutieuse, apportée à la reproduction des mains
de son modèle, fait le plus grand honneur à Holbein. Loin de suivre cet
intelligent exemple, beaucoup de ses successeurs, même parmi les plus ha-
biles, après avoir apporté tous leurs soins à rendre la tête de la personne
qui a posé devant eux, se sont contentés d’y faire adapter, par leurs
élèves, des mains peintes de pratique. VanDyck, par exemple, s’est assez
rarement départi de ce déplorable système, qui, tout autant que sa pro-
digieuse facilité, a contribué à le retenir parmi les maîtres de valeur
moyenne. La négligence dans l’étude des mains est, chez un portraitiste,
une preuve irrécusable d’infériorité morale et même artistique.

Une étude étonnamment intéressante serait celle qui traiterait du
rôle de la main dans l’art, à toutes les époques et dans toutes les ré-
gions. Le penseur, autant que l’artiste, y puiserait les observations les
plus piquantes, les plus inattendues.

VI

Je ne saurais clore ma note sans y consigner l’impression qu’un
examen rapide de l’œuvre de Holbein, fait à cette occasion, vient de pro-
duire sur moi. — Grand maître dans ses beaux portraits, il est inférieur
à lui-même en toute autre chose. Quand il s’attaque à la ligure
 
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