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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les maisons de Raphael à Rome: d'apres des documents inédits ou peu connus
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0371

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

354

Dans sa précieuse lettre publiée par Morelli, le Vénitien Marc-Antoine
Michiel di ser Vettor nous donne un renseignement quelque peu diffé-
rent. D’après lui, Raphaël aurait acquis ce palais de Bramante, moyen-
nant une somme de 3,000 ducats d’or. Michiel ajoute que le jeune maître
le laissa en mourant au cardinal Bibiena1.

Quelle que soit la version que l’on adopte, il me paraît certain que le
palais du Borgo est l’œuvre non de Raphaël, comme l’a admis Passa-
vant2, mais de Bramante. Il aurait, en effet, été étrange que l’illustre
architecte, pour faire plaisir à son jeune ami, eût consenti à remplir les
fonctions de simple conducteur des travaux. C’est lui, il n’est pas per-
mis d’en douter, qui a tracé les plans et réglé l’ordonnance de l’édifice.
M. de Geymüller, dont le jugement fait autorité en ces matières, n’hésite
pas à faire honneur de la construction à son maître favori3.

Les mots ex lapide coctili4, employés par Lafreri, nous prouvent
qu’il s’agissait en réalité d’une construction assez modeste. Raphaël, si
tant est que le palais ait été construit pour lui, aurait évidemment préféré
le travertin, cette pierre merveilleuse, dont Bramante tira un parti si
brillant dans la Chancellerie et le palais Giraud; mais, à ce moment, force
lui était de compter. Le palais du Borgo-Nuovo n’a, en effet, pu être
édifié que pendant les trois ou quatre premières années de son séjour à
Rome, à une époque où l’artiste ne possédait pas encore les trésors qu’il

1. « La casa, che già fu de Bramante, che egli comprô per ducati 3,000, lia lassata
al cardinal de Santa Maria in Portico. » (Notizia Æ opéré di disegno, p. 21t.)

J’éprouve quelque embarras à concilier cette assertion avec les textes authentiques.
Un contemporain de Bibiena, le maître des cérémonies de Léon X, Paris de Grassis,
nous dit, en effet, dans un passage déjà relevé par Passavant (I, 283), que le cardinal
mourut au Vatican, n’ayant pas de maison à lui. Nous savons, d’autre part, que,
Tannée même de la mort de Raphaël, le 26 octobre 1820, Léon X approuva par un
bref spécial la vente faite au cardinal Pierre Accolti, titulaire de saint Clément, de la
maison possédée par Raphaël dans le Borgo. Le bref mentionne les exécuteurs testa-
mentaires, Baldassare da Pescia et G.-B. dell’Aquila, les légataires et les héritiers ab
intestat. De Bibiena, pas un mot.

Ce document précieux, qui jusqu’ici a passé presque complètement inaperçu, a
été publié par C. Milanesi dans le Giornale slorico degli archivi toscani, t. IV, p. 248
et suivantes.

Au xviic siècle, Alexandre VII acquit du prieuré de Malte la maison de Raphaël,
moyennant la somme de 7,163 scudi 34, et la fit démolir pour agrandir la place de
Saint-Pierre.

2. Raphaël, t. I0r, p. 175, 283; t. II, p. 390.

3. Les Projets primitifs pour la basilique de Saint-Pierre de Rome, p. 89.

4. En briques. — Vasari se sert, comme on Ta vu, du mot mattoni, qui a le même
sens.
 
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