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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les maisons de Raphael à Rome: d'apres des documents inédits ou peu connus
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0372

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LES MAISONS DE RAPHAËL A ROME.

355 -

dut à la libéralité de Léon X. Bramante était mort le 11 mars 1514;
mais, depuis près d’une année déjà, ses infirmités le rendaient impropre
à tout travail. C’est donc vers 1512, au plus tard, qu’a dû prendre nais-
sance l’élégant édifice du Borgo. Raphaël ne jouissait alors tout au plus
que d’une modeste aisance1. 11 lui fallut se contenter d’une maison à un
seul étage, dans laquelle l’élégance l’emportait sur la somptuosité.

Si nous supposons, au contraire, que Bramante ait construit le palais
pour lui-même, c’est entre 1506 et 1508 qu’il faut, pour des raisons
déduites par M. de Geymüller avec une sagacité fort grande, en placer
l’exécution. Or, à ce moment, l’architecte en chef de Saint-Pierre n’était
pas en mesure, lui non plus, d’élever pour son usage personnel une
construction bien coûteuse.

En contemplant la gravure de Lafreri, seul souvenir de ce sanctuaire
détruit par les Vandales du xvne siècle, on ne peut se défendre d’un
sentiment de vive curiosité. Comment Raphaël avait-il décoré cette
demeure, dans laquelle il passa les années les plus fécondes de sa vie?
L’artiste, vraiment débordé par les commandes, à partir de l’avènement
de Léon X, a-t-il pu, au milieu de cette existence fiévreuse, se créer un
intérieur digne de lui? Je serais assez disposé à croire que les meubles,
les ouvrages d’art les plus précieux s’entassaient dans le palais, sans
que leur possesseur trouvât le temps de les installer convenablement. Ce
magicien, qui avait embelli la demeure de tant d’autres, se voyait réduit
à ne songer à la sienne qu’en dernier lieu. Tout portait la trace de la
bâte, de l’improvisation. C’est à peine s’il avait eu le loisir de sus-
pendre au mur le portrait dont lui avait fait présent le Francia, et celui
que lui avait offert Durer. Dans un coin gisaient de superbes tapisseries
non encore dépliées. L’antichambre, les corridors étaient remplis d’an-
tiques, dont quelques-unes n’étaient peut-être pas encore débarrassées de
la gangue qui les recouvrait. Puis venaient les chevalets des élèves, et
des montagnes d’esquisses ou de cartons2. Rien de plus pittoresque

1. En 1514 il ne possédait encore quo 3,000 ducats d’or au soleil, et cependant il
se croyait dès lors un véritable Cresus. Dans sa lettre à son oncle Simon (10r juillet
1514), il est tout fier do lui annoncer que « fin in questo di mi trovo havere roba in
Roma per Ire mila ducati d’oro et d’entrata cinquanta scudi u’oro ». 11 ne se doutait
guère alors que, six ans plus tard, il se trouverait à la tête d’une fortune énorme,
10,000 ducats d’or.

2. Le chargé d’affaires de Ferrare, écrivant à son maître, le 3 septembre 1519, lui
dit qu’il a appris que le tableau commencé pour lui, par Raphaël, se trouvait caché
sous une infinité d’autres ouvrages : « (La tavola di Vostra Signoria) è revoltata al
muro con molle altre tavole sopra. » (Cainpori, Gazelle des Beaux-Arts, 1803, t. 1,
p. 450.)
 
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