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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les maisons de Raphael à Rome: d'apres des documents inédits ou peu connus
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0373

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356

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qu’un tel spectacle, quoique ce beau désordre ne fût nullement un effet
de l’art.

On pénétrait assez facilement dans la maison, mais ne parvenait pas
qui voulait jusqu’au maître. Le chargé d’affaires de Ferrare (lettre du
12 septembre 1519) nous fournit à cet égard quelques détails curieux.
« Passant devant l’habitation de Raphaël, dit-il, et trouvant la porte
ouverte, j’y entrai et le fis demander. Mais je reçus pour réponse qu’il ne
pouvait venir en bas. Je descendis donc de cheval et m’apprêtai à monter
chez lui, lorsqu’un second domestique me dit que son maître était dans
sa chambre, occupé à faire le portrait de M. Balthasar Castiglione. Je fis
semblant d’ajouter foi à ses paroles et lui annonçai que je retournerais
une autre fois1. »

Si les renseignements contenus dans une lettre publiée dans le liuo-
ruirroti (1866, p. 57), et adressée au major Kühlen de Rome par le per-
sonnage bien connu qui se sert du pseudonyme de Momo, méritent
créance, Raphaël n’aurait pas tardé à se sentir à l’étroit dans sa nouvelle
habitation. Sa situation même à la cour de Léon X et, on peut l’ajouter,
les intérêts de son art lui imposaient des charges fort lourdes. 11 comp-
tait dès lors de nombreux aides ou élèves, et toute cette phalange de
collaborateurs ou de disciples il était forcé, conformément aux habitudes
patriarcales de l’époque, de la loger ou du moins de la nourrir. Le
témoignage du collaborateur du Buonarroti n’est donc pas invraisem-
blable en lui-même quand cet écrivain rapporte que, dès 1515, Raphaël
se vit obligé d’acquérir, au prix de 200 florins d’or, une maison située
dans le Borgo, via Sistina, et appartenant à l’architecte Perino de’ Gen-
nari de Caravaggio. Un peu plus tard le maître fut encore forcé,
évidemment par suite du manque de place, de louer dans la via Alessan-
drina (conduisant du pont Saint-Ange à la place de Saint-Pierre) plu-
sieurs autres maisons ayant pour propriétaires les frères Porcari.

Un document encore inédit, que j’ai trouvé à Rome lors d’un récent
voyage, prouve que, peu de temps avant sa mort, Raphaël songeait à
bâtir pour son usage personnel une demeure plus vaste, cette fois-ci,
selon toute vraisemblace, un véritable palais. L’emplacement qu’il choisit
appartenait au chapitre de Saint-Pierre et avait été précédemment loué
à un ami du maître, Léonard Bartolini; il était situé dans la via Giulia,
près de Saint-Jean-des-Florentins, par conséquent dans le voisinage du

•1. G. Campori, Gazette des Beaux-Arts, 1863, t. XIV, p. 431.
 
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