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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [12]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0407

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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANCE. 389

tirés de Médicis et Borghèse, choses qui pourront servir, à ce que dit le Cava-
lier, dans l’Académie.

Le septième, j’ai mené au matin le carrosse du Roi au Cavalier à l'heure
qu’il me l’avait demandé. Je l’ai trouvé qu’il avait entendu la messe. Nous
sommes allés, le signor Paul et moi, l’entendre, puis, étant de retour, le
Cavalier m’a dit que le cardinal Antoine l’avait prié de dîner, qu’il me priait
que nous allassions prendre ensemble l’abbé Butti pour l’y mener, et, en nous
y en allant, il m’a conté qu’il avait pensé le matin, avant que de se lever,
qu’il n'y avait personne qui sût mieux que moi la fatigue qu’il se donne, qui
connaisse mieux son ouvrage et avec combien d’amour il travaille à toules
choses; que j'avais l’accès auprès du Roi dans les heures des repas, qui sont
les heures désoccupées ; que j’aurais pu m’y trouver, et ne pas m’avancer de
dire ce que je vois et que je sais ; mais, quand le Roi m’en demanderait des
nouvelles, que je pourrais les lui dire. Je lui ai répondu que je l’aurais fait
volontiers, mais qu’il y a de certains respects1 qui m’empêchent de m’y
trouver; que je le lui ferais savoir une autre fois; que je ne manquais pas
d’affection de le servir, que même c’était la vérité et la justice, mais que je
m’en étais abstenu pour de certaines considérations, comme je venais de lui
dire. Il a reparti que le Roi ne serait peut-être pas fâché quelquefois de
demander l’état des choses, les lieux où il avait été et son sentiment sur ce
qu’il voit. J’en suis demeuré d’accord.

Étant, cependant, arrivés chez l’abbé Butti, et ayant su qu’il était allé à
la messe, nous sommes entrés dans son jardin, où, nous promenant seuls, le
Cavalier et moi, et le signor Paul s’étant éloigné, il m’a remis sur la matière
dont nous venions de nous entretenir en carrosse. Je lui ai dit qu’il pouvait
se souvenir que, dès le commencement, je n’avais pas même voulu que mon
frère le vînt saluer, ni qu’il vît les dessins du Louvre; que la raison qui
m’obligeait à cette circonspection et à garder ces mesures était que défunt
M. de Noyers, dont j’étais parent, avait été surintendant des bâtiments, et
que j’y avais eu de l’emploi sous lui; que mon dessein était d’ôter la pensée
à M. Colbert que je voulusse m’y avantager à rien de mon chef; qu’il pour-
rait bien se reposer sur moi de ce qu’il ne peut pas faire lui-même dans les
bâtiments, où j’ai, comme il voit, quelque intelligence, n’était que j’ai une
charge qui me donne un peu d’accès auprès du Roi, et que la maxime des
ministres, sans savoir quelle est la sienne, est de ne vouloir jamais se servir
de gens qui ne dépendent absolument d’eux et aient un autre appui que le
leur ; que je ne voulais pas, m’entrant au repas, et donnant lieu au Roi de me
parler, faire naître de l’ombrage, quel qu’il pût être, n’ayant autre dessein
que de m’occuper doucement; que, dans le temps et l’occasion, je ferais et
dirais pour lui ce que je dois à la vérité. 11 a répété que personne n’était si
bon témoin que moi de ce qu’il fait, ni si capable de le connaître. Sur cela,
il a ajouté que la dernière fois qu’il travailla d’après le Roi, Sa Majesté lui
disant que j’étais assez entendu dans ces matières, il lui avait répondu que
personne ne l’était autant pour n’avoir point travaillé, soit que ce fût don

t. Respects, considérations.
 
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