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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le Salon de 1880, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0419

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LE SALON DE 1 880.

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cher mieux et introduire dans la classification plus d’intelligence et de
goût. Je ne sache pas d’esprit plus distingué et plus raffiné que le sien,
et nul ne comprend mieux que moi qu’il ait tenté de tirer de ce chaos
un peu de lumière et d’enseignement pour le public. Il a eu raison, cent
fois raison. Rendre les expositions instructives pour le gros de leurs vi-
siteurs, et leur progrès ou leur décadence palpable pour les artistes et
les amateurs, c’est le but suprême des organisateurs des salons. Je crains
seulement que le temps ne lui manque pour une œuvre qui demanderait à
être pondérée à loisir, et surtout que la politique ne s’en mêle au bout
d’un temps, l’exécrée politique. Et puis vous verrez que les exigences
personnelles des artistes trouveront moyen de tout brouiller, car celles-
là, quand elles sont en jeu, mettraient en pièces les plus savants sys-
tèmes, et ne peuvent être contenues que par une loi toute brutale et ri-
gide comme un théorème mathématique. La tentative en tout cas est
d’un homme de courage, et qui sent le respect que l’on doit aux vraies
œuvres d’art. 11 le faut donc soutenir et lui ménager le temps de tirer de
son idée tout le fruit qui en peut germer.

Depuis l’Exposition universelle de 1878, j’entends chaque année des
lamentations risibles sur les places occupées par les cadres des membres
du jury. 11 ne faut pas non plus demander à la nature humaine au delà
de ce qu’elle peut donner. Vous invitez les membres du jury à prendre
part au placement des ouvrages ; chacun de ces jurés ne serait pas un
homme, encore moins un artiste, si, préoccupé avant tout et amoureuse-
ment de ses propres tableaux, qu’il estime d’instinct et sincèrement les
meilleurs du Salon (autrement il ne serait pas le peintre convaincu qu’il
doit être), il ne cherchait pas dans les galeries la meilleure de toutes les
places pour les mettre en lumière. Et, s’il ne les y accroche lui-même, il
pressera tendrement l’administration de les poser dans ce milieu de pan-
neau ou dans cet angle de salle, et non ailleurs. Ce serait folie de s’é-
tonner qu’il en pût être différemment, et, quant à moi, je n’y vois aucun
mal, puisque les électeurs du jury ont eu de tout temps pour habitude
de nommer non les meilleurs tapissiers, mais les plus illustres de leurs
confrères. Et d’ailleurs l’épreuve avait été faite, et, si l’on est revenu à cette
immixtion du jury dans le placement, on devait savoir à quoi s’attendre.
Je me souviens qu’on racontait, en 1850, que, le soin de la direction du
placement ayant été confié à deux des maîtres les plus considérables de
notre école en ce temps-là, l’un occupa tous les gardiens pendant trois
jours à chercher les tableaux de fleurs qui encadreraient le mieux son
Propre ouvrage; l’autre fut absorbé exclusivement par le souci de bien
placer ses élèves ; et si le directeur des beaux-arts n’avait pris sur lui

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