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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Rayet, Olivier: Les fouilles d'Olympie
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0438

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420

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Lapithes fait exception à la règle générale : nous possédons jusqu’à onze
têtes qui en proviennent, et, dans le nombre, cinq n’ont pas souffert la
plus petite cassure; les nez sont intacts et l'épiderme du marbre aussi
poli qu’au premier jour. La tête de Pirithoüs est de celles-là : elle a été
retrouvée avant le corps, tout au début du déblayement de ce côté du
temple, et, placée un peu redressée, comme on était tenté de la mettre,
elle a une grâce si jeune, une majesté si tranquille, quelle fut prise par
les archéologues allemands, et avec eux par tout le monde, pour une tête
d’Apollon. Mise dans sa position véritable, elle laisse une moins vive
impression, tout en restant fort intéressante. Le front est très bas et
beaucoup moins vertical que ne le feront les sculpteurs de l’époque macé-
donienne ; les cheveux ramenés en avant et disposés en boucles en
réduisent encore davantage la hauteur apparente; une couronne métal-
lique, dont les trous d’encastrement se voient derrière les oreilles et dont
la place est ménagée dans la chevelure, devait, il est vrai, atténuer un
peu cet effet. Le crâne est d’un développement très ample; le nez, droit
et un peu fort; l’intervalle entre les narines et la bouche, très faible; les
lèvres, assez charnues et fermement découpées; le menton, à angle droit;
les oreilles, rejetées très en arrière, rendent les joues immenses et ont
permis de donner pour base à la tête un cou très large et très fort.
L’ensemble est plein de caractère et d’un effet d’autant plus surprenant
que la sobriété des moyens est extrême et le modelé réduit à presque
rien. Je recommande cette tête comme sujet de méditation aux sculp-
teurs, trop nombreux aujourd’hui, qui ne savent point arrêter leur ciseau
et qui cherchent l’expression dans des refouillements exagérés.

Les autres têtes viriles sont moins frappantes que celle de Pirithoüs.
Celle d’un jeune Lapithe, qu’un Centaure cherche à entraîner, présente
le même développement du crâne et le même manque de hauteur du
front, qu’ici rien ne vient dissimuler : c’est là, du reste, un souvenir des
habitudes archaïques, et une particularité qui se remarquait encore dans
les œuvres de Polyclète et de Myron. Les têtes de Centaures ont leur type
ordinaire, la face large, le nez épaté, les lèvres lippues, le cou court et
masqué par la barbe épaisse et étalée en éventail. Mais ce qui doit surtout
attirer notre attention, ce sont les visages et les mains des femmes : ce sont
là, on s’en souvient, les parties que Lucien loue surtout dans l”A<ppoSi'Tvi
ev Kijiroiç. Les mains ont bien, en effet, ces doigts longs, minces et mo-
biles dont parle le rhéteur de Samosate. Quant aux têtes, dont trois sont
ici reproduites, elles présentent, avec des types extrêmement variés, le
même caractère de jeunesse et de grâce que le visage de Pirithoüs. Deux
surtout sont ravissantes : l’une, plus ronde et plus pleine, l’œil grand, les
 
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