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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Claretie, Jules: Un livre unique: l'affaire Clémenceau; peinte et illustrée
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0461

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442

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

un livre unique dont il offrait, avant de le faire relier en maroquin plein
pour sa propre bibliothèque, la primeur à l’auteur de l’ouvrage, en lui
demandant un autographe. Ce fut pourtant cette visite et l’entreprise de
cet inconnu qui donnèrent à M. Dumas l’idée de rassembler à son tour,
sur un même exemplaire de son livre, une certaine quantité de dessins,
d’aquarelles, de sépias, de gouaches, de coups de crayon et de coups de
pinceau, de manière à former une sorte de Musée spécial, en raccourci,
un Salon en petit format, une rareté artistique et bibliographique qui
tînt du livre et de l’album, et groupât, s’exerçant à l’envi sur un même
sujet, la plupart des artistes de ce temps, les plus distingués, les plus
illustres et les plus rares.

La première édition, aujourd’hui introuvable, de Y Affaire Clemen-
ceau, avait eu un tirage spécial de cent exemplaires sur papier de Hol-
lande. M. Dumas prit le no 10 de ces exemplaires de choix, et, envoyant
ou portant tour à tour chaque feuillet détaché à quelqu’un de ses amis,
il réunit, avec les années, un nombre considérable d’œuvres d’art sur ce
livre, qu’il se décide enfin à donner au relieur, et qui est un monument
d’art tout à fait exquis, un trésor sans prix, comme toutes les choses
sans pair.

L’exemplaire de Y Affaire Clemenceau de M. Alexandre Dumas fils est
célèbre dans les ateliers. C’est un honneur pour les artistes d’avoir signé
quelque invention charmante en marge d’une page du maître écrivain.
Ce beau roman, qui parut au mois de juillet 18(56, en pleine guerre
austro-prussienne, et qui fit du bruit, même dans le retentissement du
canon de Sadovva, n’avait pas besoin pour durer de l’enrichissement de
ces petites merveilles artistiques ; mais il est bien certain qu’un tel livre,
admirablement commenté, orné, caressé ainsi par tant de mains célèbres,
aura un jour, et a dès aujourd’hui une valeur considérable, inappré-
ciable. C’est une œuvre magistrale illustrée par des maîtres.

M. Dumas avait eu déjà un de ses ouvrages, la Dame aux Camélias,
interprété par Gavarni d’abord, puis par M. Eugène Lami, dans une
suite d’aquarelles tout à fait supérieures. M. Henri Didier possédait un
Musset unique, avec des aquarelles de Lami intercalées dans les volumes
de la grande édition Charpentier. En ce genre de l’illustration directe,
— j’entends du livre orné de la sorte par des artistes à la façon des
missels, — on cite également un exemplaire du volume de M. Paul de
Saint-Victor, Hommes et Dieux, dont un feuillet entre autres, le chapitre
relatif à G il Blas, a figuré à la première Exposition des aquarellistes,
avec un lumineux encadrement de M. Louis Leloir : des bandits espagnols
attendant, l’escopette au poing, un voyageur qui passe. M. de Saint-
 
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