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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Gonse, Louis: Eugène Fromentin, 6: peintre et écrivain
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0490

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EUGÈNE FROMENTIN.

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merveille ce qu’il a cherché, la nouveauté qu’il a tentée, non avec les
procédés et les néologismes du romantisme, mais en classique, avec cette
belle et pure langue française du vieux temps, qu’il trouve avec raison
« étonnamment saine même en son fonds moyen et dans ses limites or-
dinaires, et inépuisable en ressources», sol excellent qui peut tout
produire à la condition qu’on le creuse. Elle explique pourquoi Fromen-
tin s’en est tenu de propos très arrêté à ces deux livres de voyage, mal-
gré l’appas certain d’un nouveau succès. A vrai dire, les deux volumes
forment un tout plein d’unité, et M. Plon a eu raison de les réunir dans
une pagination suivie. Il convient, pour les bien goûter, de ne point les
séparer l’un de l’autre.

C’est un grand privilège que de se présenter à la postérité avec un
petit bagage de choix; c’est une chance de durée. L’histoire aime les
sélections toutes faites, et, à valeur égale, elle accordera plus d’attention
aux œuvres courtes et bien définies. A quoi tient l’immortalité qui cou-
ronne les noms d’un Longus, d’un Horace, d’un La Bruyère, d’un La
Rochefoucault, et même d’un Bernardin de Saint-Pierre ou d’un Joseph /
de Maistre? A la perfection d’une seule œuvre, au poids d’un petit
volume in-12. Tel est le cas de Fromentin, qui serait au même degré
Fromentin pour l’avenir s’il n’avait produit ni Dominique ni les Maîtres
d'autrefois.

J’ai dit que George Sand avait été à l’avant-garde, avec sa sincérité
et sa cordialité habituelles, pour célébrer l’aurore du talent de Fromentin.
Elle consacra, dans la Presse, un premier article au Sahara, en 1857, et
un second (10 mai 1859) au Sahel, qui venait de paraître chez Michel
Lévy. Il m’a paru piquant de les rechercher. L’applaudissement est sans
détours. « On sent à chaque page de ce beau livre, dit l’illustre écri-
vain dans son deuxième article, que l’auteur est un vrai poète qui a
vécu sa vie intérieure au milieu des scènes qui venaient s’y encadrer
comme dans un miroir et qu’il a savourées profondément pour son compte
avant de songer à les rendre. Peintre, car il est peintre, vous le savez, il
a voyagé et vu en peintre.... sa forme est une des plus belles peintures
que nous ayons jamais lues. » Elle rappelle ensuite la subtile et ingé-
nieuse distinction de Fromentin entre le voyageur qui peint et le peintre
qui voyage, et s’étonne que celui-ci ait pu être si bien en même temps
1 un et l’autre. Puis elle compare l’un à l’autre les deux volumes : « Quoi
que l’on dise et que l’on pense des régions méridionales, elles ont géné-
ralement pour caractères dominants la nudité, l’étendue et je ne sais
quelle influence désolée qui écrase. Pour être senties à distance, elles
ont besoin de passer à travers une forme riche et simple, et c’est grâce à
 
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