Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Gonse, Louis: Eugène Fromentin, 6: peintre et écrivain
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0500

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
EUGÈNE FROMENTIN.

479

rience acquise que le résultat. Je ne sais pas quel sera le sort de mes tableaux, mais
je sais bien que ce rude effort me servira, et que, si je suis incapable de rendre
ceux-ci meilleurs, j’en ferai prochainement qui vaudront mieux. Je suis constamment
en lutte avec mes livres. Et je ne connais rien de plus difficile, en fait d’art descriptif,
que de donner, par des idées plastiques, l’équivalent des idées littéraires. Aussi j’ai
bien peur, madame, de ne jamais vous satisfaire par ma peinture, pas plus que je ne
me satisferai moi-même.

Veuillez agréer, je vous prie, madame, l’hommage de mon profond respect et de
mon plus entier dévouement.

E u g . Fromentin.

15 juillet 1859.

Vous avez tant de bontés pour moi, madame, que je vous dois la première nouvelle
de tout ce qui m’arrive d’heureux.

La distribution des récompenses vient d’avoir lieu, et j’ai obtenu une lre médaille
et la croix; ce résultat, qui dépasse de beaucoup mes espérances, s’adresse, si je l’ai
bien compris, à l’écrivain autant qu’au peintre. C’est, pour l’un et l’autre, plutôt un
encouragement qu’une récompense. Du moins, je considère un peu comme un nouvel
engagement pour moi chaque récompense ou chaque faveur de l’opinion. — Je vous
ai déjà plus d'une fois confié mes inquiétudes; je suis bien heureux d’avoir à vous
apprendre que mon travail en va devenir plus assuré, plus tranquille et, je l’espère,
plus productif.

Eue. Fromentin.

P. S. Je suis en relation régulière avec M. Delacroix, qui est parfait de bonté et
d’intérôt pour moi.

Nohant, 22 juillet 1859.

Je suis une âme errante depuis doux mois. J’ai vu tous les volcans du monde
(volcans éteints) de l’Auvergne et du Velay. Les beaux pays, mon Dieu! J’ai bien
pensé à vous. Je trouve votre lettre. Je m’étais déjà réjouie en lisant dans les journaux
les distinctions qui vous sont accordées et que vous méritez si bien. J’ai eu trois
grandes joies à Paris à cause de vous. D’abord celle de vous voir et de trouver votre
vous si bien d’accord avec votre talent, et tout ce qui le révèle. Et puis celle de voir
votre peinture, dont votre modestie m’avait presque fait peur, et qui est aussi belle
que vos livres, ce n’est pas peu dire. Enfin celle de voir comme Delacroix vous apprécie
et vous aime. Tout cela fait que je vous aime aussi, et que je suis heureuse de vou
voir prendre votre place dans l’opinion. —Ce n’est pas nécessaire pour être artiste et
pour être heureux, mais c’est bien utile, surtout aux âmes timorées comme la vôtre, et
j’espère qu’à présent vous ne douterez plus de vous, vous n’en avez pas le droit. — Ne
nie dites pas que vous me devez quelque chose. Je n’ai peut-être servi qu’à avancer
d’un jour ou deux le succès que vous ne pouviez pas manquer.

George S and

{La suite prochainement.)

LOUIS GONSE.
 
Annotationen