Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le salon de 1880, 2
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0522

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
500

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

vice, puisqu’ils vont nous aider à nous reconnaître dans ce chaos, et à
nous diriger de prime abord vers les salles où Ton nous signale les
artistes éprouvés.

A entendre les clameurs que suscite le désorientement des visiteurs,
je crains que Ton ne soit injuste pour la vraie valeur de ce pauvre Salon.
On est en train de lui faire une réputation qu’il ne mérite nullement. lise
créera autour de lui, comme autour de celui de 1848, une légende inique
et ridicule, par laquelle les bons seront sacrifiés aux mauvais, et où Ton
ne gardera le souvenir que du fabuleux encombrement de ses médiocri-
tés. Eh bien, non, j’affirme que ce Salon n’est pas inférieur à ceux des
dernières années passées. Je dirai même que, par certains côtés, il leur
est supérieur; car les grands artistes qui nous restent ne se sont pas
toujours montrés aussi égaux à eux-mêmes et à ce qui fit jadis leur
juste renommée. Ils ne sont point tranformés; ils n’apportent point un
élément nouveau et inconnu aux principes acquis de l’école : ils se main-
tiennent, chose si difficile. Si Bonnat avec sa ferme solidité, Baudry avec
son grand air et la légèreté brillante de son pinceau, Lefebvre avec son
dessin fin et précis, Hébert avec son sentiment mystérieux et son ton
doré, Paul Dubois avec la savante construction de ses têtes, Carolus Duran
avec l’éclat de ses étoffes et le vivant de ses épidermes exposaient pour
la première fois des portraits tels que ceux que nous voyons là, quels ne
seraient pas l’étonnement et l’acclamation du public! Et que ne dirait-on
pas du Laurens, du Breton et du Cabanel? Puvis de Chavannes, G. Moreau,
Henner nous envoient des œuvres tout à fait magistrales. — Parmi les
plus jeunes, Bastien-Lepage, Duez, Cormon, Morot, Tony Robert-Fleury
se montrent à nous avec des toiles du plus haut intérêt. Que vous faut-il
donc? Et qu’est-ce qu’un Salon, après tout, si ce n’est l’apparition de
vingt-cinq à trente tableaux au plus, dont le public ait à garder la mé-
moire : les vingt-cinq tableaux sont là, et même davantage, c’est moi qui
vous le dis.

Et, d’abord, le Salon qui nous donne l’admirable carton de Puvis de
Chavannes, Les jeunes Picards s’exerçant à la lance, le Indus pro patria,
celui-là ne sera jamais le premier Salon venu. L’artiste qui a conçu, dans
le déroulement de cette composition immense, le poème entier de la
Picardie primitive avec ses bosquets espacés et les vastes solitudes de
ses tourbières, avec ses groupes superbes de jeunes lanceurs de piques,
aussi élégants dans leurs nobles attitudes que des athlètes de la Grèce
antique, avec ses vieux chasseurs de cygnes et de hérons à la mine sau-
vage comme leur gibier, avec ses autres groupes de belles filles et d’en-
fants -se délassant des soins rustiques près des huttes de la tribu, l’artiste
 
Annotationen