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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le salon de 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0525

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LE SALON DE 1880.

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connais point d’image plus terrible ni plus tragique. L’exécution toute-
fois n’a point la même perfection que dans la Galatée, mais peut-être le
sujet ne le souffrait-il pas.

Henner n’a jamais poussé plus loin que dans sa Fontaine et sa Tête de
dormeuse de cette année le charme ineffable de son pinceau magique.
Qu’il la tourne et retourne, cette nymphe aux souples contours, qu’il la
« penche sur la source des bois » ou la redresse, qu’il la couche de dos
ou de face sur les gazons humides, à l’heure ambrée du soleil couchant,
je ne m’en lasserai jamais, et tous les ans il nous la montre plus belle,
et son épiderme moelleux mieux caressé par la lumière. Si Prudhon n’a-
vait vécu parmi nous, il faudrait remonter aux temps corrégiens pour
retrouver des morceaux de cette pâte, et un peu par delà pour rencon-
trer des figures de cette grâce toute suave dans sa chaude coloration.
Non, qu’il n’aille point chercher ailleurs des sujets plus compliqués, et
qu’il nous la répète toute sa vie, cette Amaryllis que Virgile eût voulu
entrevoir dans le « mystère du soir » !

N’était un peu de ce maniéré moderne que Lesueur ne connaissait
pas dans des sujets semblables à l’hôtel Lambert, je serais très touché
par le panneau décoratif de la Musique que M. Raphaël Collin a peint
pour le théâtre de Belfort. Les jeunes Muses sont d'une élégance char-
mante, leur air de tête est plein de grâce ; le fond est d’un agencement
discret, et le ton généra] est sobre, comme il convient à de pareilles déco-
rations. En somme, c’est un ouvrage d’un goût rare et d’un esprit dis-
tingué.

En cet ordre de compositions poétiques, à peine quelques rares
curieux, sortant de la dernière grande salle, remarqueront-ils un large
triptyque signé du nom du neveu de Léopold Robert et intitulé les Génies
de la forêt. A coup sûr, l’œuvre est un peu sèche et incomplète. Ces
figures adossées aux arbres qu’elles personnifient, les unes empruntées
à l’art moderne germanique, les autres au contourné de l’art florentin,
d’autres simplement à de jeunes modèles d’atelier, cela semble plutôt le
sujet d’un carton que d’une peinture, et l’on dirait d’un dessin de Doré
agrandi et traité suivant les données académiques. Je me rappelle une
autre forêt mieux réussie de M. Robert, à l’un des précédents salons,
et où l’on voyait des rondes d’autres génies menées le soir dans la ver-
dure. Il y a peut-être ici dépense d’une imagination plus littéraire que
pittoresque, d’un goût plus allemand que français; mais il convient pour-
tant d’estimer cette tendance élevée qui cherche son sujet par delà le
ruisseau commun.

Un peintre encore incomplet sans doute, lui aussi, mais du plus haut
 
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