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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Rayet, Olivier: La sculpture au Salon
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0569

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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craindre pour nos jeunes sculpteurs, c’est l’art romain : le peu qu’il a de
bon, il l’a pris ailleurs, et à ce peu de bien il a ajouté de son fonds beau-
coup de mauvais, la banalité, la convention, l’emphase. Or, ce côté
théâtral et charlatanesque est infailliblement ce qui impressionnera le plus
des jeunes gens, ce qu’ils s’assimileront le mieux et ce que, sans s’en
rendre compte, ils introduiront plus tard dans leurs œuvres. Et je parle
de l’art romain antique : que dire de celui du xvir et du xmT siècle,
de la fontaine de Trevi et des statues de saint Pierre? Aussi Rome
est la ville dont j’interdirais le plus sévèrement le séjour à nos sculp-
teurs. Qu’on les envoie à Florence, à Naples, à Venise, où l’on voudra,
mais, de grâce, pas là! 11 y a toutefois une ville que tout désigne à l’a-
vance, et que mes lecteurs ont nommée avant moi : c’est Athènes. C’est
avec l’art grec, l’art grec pur et authentique, l’art archaïque même, qu’il
faut familiariser les élèves de notre Ecole des beaux-arts, et cela non seu-
lement parce que là, et là seulement, sont la sincérité et la vie, mais
parce que toutes nos tendances intellectuelles et artistiques nous portent
vers la Grèce, et point vers Rome. Sans doute, je regretterais pour nos
grands prix le torse du Belvédère, le Marsyas de Latran, l’un des colosses
de Monte-Cavallo, le discobole du palais Massimi, et beaucoup moins le
Laocoon et l’Antinous; mais combien cette perte serait compensée par la
contemplation de tout un côté de la frise du Parthénon, de quelques
beaux morceaux des frontons de ce monument, des cariatides de
l’Érechtheion, delà balustrade de la Victoire Aptère, des métopes du pré-
tendu Théseion, du bas-relief d’Ëleusis, des stèles d’Hégéso, deDexiléos,
de Polyxéné, et de tant d’autres admirables fragments sortis des fouilles
du Céramique, de l’Acropole et de l’Asclépieionl Et combien je préférerais
comme modèles, à ces vauriens de l’Apennin qui étalent leurs formes
épaisses, leur type ignoble et leur vermine sur les marches de la Tri-
nità cle Monti, ces beaux bergers vlaques, au corps élancé et nerveux,
aux fines attaches, aux extrémités délicates, et ces robustes paysannes
de Mégare et de Villia, dont la poitrine est de marbre et qui marchent
comme des statues! Et l’on ne saurait objecter de difficultés maté-
rielles : l’École que nous possédons à Athènes a un vaste... jardin, où,
sans arracher un seul arbre, et pour cause, on trouverait la place de
trois ou quatre beaux ateliers : 30 ou 40,000 francs feraient l’affaire. Le
Pentélique et Paros fourniraient le marbre. Les modèles seraient plus
longs à chercher, et il faudrait avec eux user de diplomatie; mais l’argent
finirait bien par avoir raison de leurs pudeurs. Nos artistes se trouve-
raient là sous la surveillance du directeur de l’École, comme nos jeunes
Athéniens sont, lorsqu’ils passent à Rome, sous l’autorité du directeur
 
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