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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Gout, Paul: L' oeuvre de Viollet-le-Duc, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0591

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568

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rationaliste et idéaliste ; qu’en s’appuyant sur cette première tradition,
le peuple grec, après des essais multipliés, a produit des œuvres qui
sont le résumé de perfectionnements obtenus par l’expérience et comme
des formules empiriques où se rencontrent tous les vrais principes,
dans l’étude desquelles se trouvent tous les préceptes, et qui consti-
tuent, par conséquent, des sources on ne peut plus fécondes de tradi-
tions artistiques. Or, pour recueillir, dans ces productions de premier
ordre, tout l’enseignement qu’elles renferment, il ne suffit pas, comme
cela se fait communément, de les étudier au seul point de vue de la
pureté de la ligne ou de la grâce de la forme, considérée comme son propre
but et son seul objet. Loin de justifier sa prétention de planer dans les
plus hautes sphères de l’estbétique, cette manière tend bien plutôt à
rabaisser l’art; car, si la forme n’est plus la conséquence d’une pensée de
l’artiste, le beau lui-même perd son plus précieux attribut en ce qu’il
se réduit à une expérimentation de formes ingénieusement combinées et
à une recherche de procédés variées. Mais c’est dans l’essence même de
la conception qu’il faut chercher ce que nous appelons les vrais principes
de l’art architectural. Convaincu de la nécessité d’un enseignement répon-
dant à ces données, Viollet-le-Duc avait composé à l’usage des élèves
de l’École centrale d’architecture deux magnifiques modèles de dessin
perspectifs présentant dans tous ses détails l’anatomie de la construc-
tion antique; car l’étude approfondie et raisonnée de la structure est la
première condition pour tirer un profit sérieux des œuvres de l’antiquité.
Qu’est-ce, en somme, qu’un monument? D’abord, un ensemble de corps
formant un tout répondant à un programme dicté par le besoin et rempli
conformément à des données naturelles et locales. C’est, de plus, une
machine qui fonctionne; car de la réunion de ces corps naissent des
actions et des réactions, autant de forces développées dont l’équilibre
rentre dans les lois de la statique. Voilà pour le côté pratique, abstrait
et scientifique. C’est, enfin, un objet d’art. Eh bien, si cet ensemble
répond convenablement à son but, si cette machine fonctionne bien, nous
affirmons qu’avec du goût il suffira souvent de peu de chose pour rendre
agréable aux yeux un édifice remplissant ces conditions essentielles. Et,
réciproquement, toute œuvre architecturale qui émeut profondément
doit son charme à l’orthodoxie de sa construction. On découvre dans les
œuvres de l’antiquité, en les observant attentivement, que, sous des
apparences qui séduisent les regards, il y a toujours un fond matériel
de vérité, de science, d’équilibre. Dispositions d’ensemble parfaitement
appropriées aux données naturelles, simplicité des moyens employés,
sincérité d’expression, le tout inspiré par le sentiment le plus profond
 
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