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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Gout, Paul: L' oeuvre de Viollet-le-Duc, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0593

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570

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

déjuger une œuvre architecturale, et porte-t-il généralement peu d'in-
térêt aux manifestations de cet art.

Pour lutter contre cette tendance à considérer l’architecture comme
un art réservé aux seuls architectes, Viollet-le-Duc entreprit d’initier le
public à cet art, par une suite de livres, vrais chefs-d’œuvre de vulgari-
sation et de philosophie, qui trouvent leur place aussi bien dans la
bibliothèque du savant que dans le salon de l’homme du monde.
VHistoire d’une Maison, spécialement destinée à la jeunessp, est. le meil-
leur livre qu’on puisse mettre entre les mains d'un jeune homme se des-
tinant à la carrière architecturale. Cette lecture lui apprendra à envisa-
ger sous son côté véritable cet art dont tous les commençants se font
généralement l’idée la plus fausse.

Dans Y Histoire de /’ Habitation humaine, Viollet-le-Duc passe en revue
les différents abris de l'homme, depuis les temps préhistoriques jusqu’à
nos jours, depuis la cahute en branches et roseaux de Yhom primitif
jusqu’au somptueux hôtel du seigneur de la Renaissance h 11 s’attache à
démontrer que partout, jusqu’à celte époque, les divers modes de con-
struction n’ont pas manqué d’être la conséquence directe des données
naturelles et locales. Il explique comment certains monuments ont con-
servé, sous l’influence des traditions Aryennes, les apparences de structure
de bois, comme les édifices du Cambodge, par exemple. On comprend, en
effet, que, si des hommes nés sur un territoire boisé et par conséquent
habitués à construire en bois se trouvent transportés dans un pays
dépourvu de grands végétaux, ils aient, en se servant de nouveaux ma-
tériaux, une disposition à conserver les formes et les apparences données
par leurs constructions de bois. Cette observation si juste jette un jour

t. Histoire rte l’Ilabitalion humaine (p. 340), conversation sensément ternie, à la
Renaissance, entre des nommés Épergos et. Philibert :

« Les Florentins, Romains, milanais, Vénitiens prétendent reprendre les formules
de l’habitation des anciens, et chacune de ces populations conserve invariablement les
mêmes dispositions intérieures des habitations élevées depuis des siècles. Tous leurs
rfiTorts pour revenir à l’art antique ne tendent à autre chose qu’à adopter certains
ordres, certains détails d’architecture empruntés à cette antiquité, et, qu’ils plaquent
sur les façades comme un vêtement d’emprunt. 4rous faites exactement, de même ici
mon excellent ami. A’otre joli hôtel est un hôtel fran çais, disposé comme le sont ceux
élevés il y a cent ou deux cents ans; seulement, au lieu d’arcs au tiers-point, vous
avez mis des arcades plein cintre à vos portiques; à la place de ces contreforts
gothiques qui renforçaient les trumeaux, vous avez placé un ordre dorique romain avec
des cariatides au-dessus. Au lieu de combles pyramidaux sur vos pavillons, vous avez
élevé des coupolettes carrées surmontées de lanternons. C’est un habit à la mode du
temps, mais le corps n’a changé ni de forme ni de structure. »
 
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