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G/A.ZETTE DES BEAUX-ARTS.
« Sur Francesco, de la rue Santa-Agatha ', orfèvre padouan.
« Tout le monde admire l’Hercule de buis de Francesco, orfèvre
padouan, qui se voit chez Marco Antonio Massimo, insigne anti-
quaire. En effet, il est d’une beauté si excellente, il se rapproche
tellement de la vérité humaine, que certes, ni Polyclète avec le bronze,
ni Phidias avec l’ivoire, n’auraient pu le rendre d’une manière plus
expressive. Le haut prix de l’objet témoigne de son extrême mérite,
puisque six onces à peine de buis ont été prisées (dit-on) cent écus
d’or. Ce Francesco, comme on peut le deviner d’après cet ouvrage,
fut un très grand ciseleur; mais chose étonnante, il n’a rien laissé de
plus mémorable que cet Hercule de bois, tellement admiré de tous et
que l’on estime un prix si élevé. Il sculpta cet ouvrage (suivant ce
que j’ai appris) dans ses moments de loisir, l’an de grâce 1520. »
L’acte de naissance est précis, complet et bien en règle. L’Hercule
est l’œuvre de Francesco, orfèvre padouan, opus Francisci aurificis
Patavini; il a été exécuté en 1520, nous en connaissons le prix, le
poids et l’acquéreur.
En 1520, l’Ecole de sculpture padouane était à son apogée. Agé
de cinquante ans, dans tout l’éclat de son talent et de sa renommée,
Riccio venait d’achever son chef-d’œuvre, le magnifique chandelier
pascal de Sant’Antonio (1516), inspiré des plus beaux candélabres
antiques. Autour de lui se groupait une petite armée de sculpteurs et
de fondeurs pleins de fantaisie, de grâce et d’ingéniosité. Francesco
di Niccolo da Colla, l’auteur du piédestal supportant le chandelier de
Riccio, travaillait le marbre et le métal avec un égal talent; Tiziano
Minio, fils d’un tisserand, terminait le bronze des fonts baptismaux
destinés à Saint-Marc de Venise, et préparait les maquettes de la
grille de clôture pour la Cappella del Santo; Giovanni Mosca, médail-
liste et fondeur, modelait sa Vénus à la coquille, avant de partir
pour la Pologne (1530), appelé par le roi Sigismond ; Giovanni Minello
da Bardi (-f- 1526) dirigeait, avec son fils Antonio, la marbrerie del
Santo que les meilleurs artistes padouans couvraient de sculptures et
d’arabesques délicates.
Dans ce monde remuant et intelligent, dans cette poussée de
talents rivaux, passionnés pour l’antique, Francesco voulut sans
doute s’essayer à son tour : tant d’autres avaient passé par l’atelier
L « Cosi dcnominato dalla conlrada dove forse domiciliava. » (Pietrucci,
Biografta degl’ artisti Padovuni.)
G/A.ZETTE DES BEAUX-ARTS.
« Sur Francesco, de la rue Santa-Agatha ', orfèvre padouan.
« Tout le monde admire l’Hercule de buis de Francesco, orfèvre
padouan, qui se voit chez Marco Antonio Massimo, insigne anti-
quaire. En effet, il est d’une beauté si excellente, il se rapproche
tellement de la vérité humaine, que certes, ni Polyclète avec le bronze,
ni Phidias avec l’ivoire, n’auraient pu le rendre d’une manière plus
expressive. Le haut prix de l’objet témoigne de son extrême mérite,
puisque six onces à peine de buis ont été prisées (dit-on) cent écus
d’or. Ce Francesco, comme on peut le deviner d’après cet ouvrage,
fut un très grand ciseleur; mais chose étonnante, il n’a rien laissé de
plus mémorable que cet Hercule de bois, tellement admiré de tous et
que l’on estime un prix si élevé. Il sculpta cet ouvrage (suivant ce
que j’ai appris) dans ses moments de loisir, l’an de grâce 1520. »
L’acte de naissance est précis, complet et bien en règle. L’Hercule
est l’œuvre de Francesco, orfèvre padouan, opus Francisci aurificis
Patavini; il a été exécuté en 1520, nous en connaissons le prix, le
poids et l’acquéreur.
En 1520, l’Ecole de sculpture padouane était à son apogée. Agé
de cinquante ans, dans tout l’éclat de son talent et de sa renommée,
Riccio venait d’achever son chef-d’œuvre, le magnifique chandelier
pascal de Sant’Antonio (1516), inspiré des plus beaux candélabres
antiques. Autour de lui se groupait une petite armée de sculpteurs et
de fondeurs pleins de fantaisie, de grâce et d’ingéniosité. Francesco
di Niccolo da Colla, l’auteur du piédestal supportant le chandelier de
Riccio, travaillait le marbre et le métal avec un égal talent; Tiziano
Minio, fils d’un tisserand, terminait le bronze des fonts baptismaux
destinés à Saint-Marc de Venise, et préparait les maquettes de la
grille de clôture pour la Cappella del Santo; Giovanni Mosca, médail-
liste et fondeur, modelait sa Vénus à la coquille, avant de partir
pour la Pologne (1530), appelé par le roi Sigismond ; Giovanni Minello
da Bardi (-f- 1526) dirigeait, avec son fils Antonio, la marbrerie del
Santo que les meilleurs artistes padouans couvraient de sculptures et
d’arabesques délicates.
Dans ce monde remuant et intelligent, dans cette poussée de
talents rivaux, passionnés pour l’antique, Francesco voulut sans
doute s’essayer à son tour : tant d’autres avaient passé par l’atelier
L « Cosi dcnominato dalla conlrada dove forse domiciliava. » (Pietrucci,
Biografta degl’ artisti Padovuni.)