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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 34.1905

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Les beaux-arts à l'exposition de Liège, 1: correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24816#0185

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE

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métaphysiques, portent atteinte à sa faculté de réalisation. Et c’est chose, après
tout, surprenante qu’ayant dans son passé quelques-uns des plus libres interprètes
de la nature il lui ait fallu presque se faire violence pour songer à les suivre.

Dans une très curieuse lettre de Navez écrite au statuaire Roman en 1822, on
voit l’homme qui, durant plus de trente ans, devait être le directeur de l'Aca-
démie de Bruxelles, exprimer en termes passablement crus la répulsion que lui
inspirent les Rubens, les van Dyck, les Hollandais des musées : « Une tête gravée
d’après Raphaël me fait plus de plaisir que tout cela. » Combien d’autres pen-
saient de même !

Il n’est sans doute plus question de recommencer Rubens ou van Dyck. Mais
il n’est non plus question de recommencer Raphaël. Les Belges ont appris à voir,
et, à les considérer en bloc, Flamands et Wallons s’unissent dans un commun
amour du terroir et dans une commune éloquence à l’exprimer. De là une somme
considérable de paysages, de vues de villes, ponctuée de quelques portraits,
effigies de personnages peu présomptueux : bourgeois, professeurs aimables et
placides, bourgeoises avenantes et modestes. Seraitbien embarrassé qui voudrait
entreprendre un album du « nu au Salon » ; sans compter que M. Bastien et M. Lé-
vêque, presque les seuls représentants du genre, le premier avec la Bacchante,
une femme peu belle, vue de dos, et le second avec le Retour des vendanges, n’y
ont que partiellement réussi.

Bruxelles, Anvers, Gand et Liège, sur 184 exposants-peintres, en fournissent
170. Que tous se soient mis en frais d’imagination serait beaucoup dire; l’effort
a surtout porté sur la technique et, dans cette réunion de peintres du pays
entier, on constate à un degré presque égal la faculté de voir juste.

La supériorité, en l’occurrence, appartient à ceux qui, le plus heureusement,
arrivent à dégager leur personnalité. A ce titre, les suffrages iront d’abord à
M. Courtens, dont la maîtrise s’affirme, une fois de plus, en deux vastes toiles en
hauteur : l’Eté et l’Automne, celle-ci, particulièrement, d’effet prestigieux ; aux
Chalands dans la neige et à la Petite place flamande de M. Baertsoen, appartenant
l’un au musée de Bruxelles, l’autre au musée d’Anvers; à la Ville flamande (ma-
rine) et au Coin sombre, un canal sous de grands arbres, motifs abordés déjà par
M. Victor Gilsoul, mais jamais avec plus de puissance.

Pour se redire, on ne cesse point d’être éloquent, mais l’expression s’affaiblit.
D’autant qu’à enseigner à voir, on facilite à d’autres le moyen de faire comme
soi. C’est un redoutable écueil. A Liège, il faut réagir contre l’impression de
connaître déjà mainte page aperçue pour la première fois.

Le paysage flamand, pour avoir été longtemps méconnu par les peintres en
quête de motifs, exerce sur eux une séduction de plus en plus grande. Il semble
qu’on mette autant de coquetterie à ignorer les monuments que nos pères en
mettaient à en vouloir préciser les moindres détails. La photographie se charge
de ce soin, et ce qui paraissait naguère un voyage lointain est à peine mieux
qu’une excursion.

Quoiqu’il en soit, la Flandre urbaine et rurale a inspiré bien des pages d’effet
juste et de sentiment profond. M. Middeleer nous donne une rue de Bruges,
proche des remparts, avec les dentellières adossées aux maisons basses, extrê-
mement typique. La facture est ici de remarquable puissance, l’effet de remar-
quable justesse. La toile a obtenu, du reste, l’honneur d’être acquise parle gou-

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XXXIV. — 3" PÉRIODE.
 
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