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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Dorbec, Prosper: L' exposition des "vingt peintres du XIXe siècle" à la Galerie Georges Petit
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0019

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ou d’un Hubert Robert, font passer sans brusquerie à certaines char-
mantes imaginations du jour. Il arrivera par moments de se trouver
ici comme à un point central d’observation d’où se pourrait juger
s’il y a eu continuité de l’une à l’autre époque. Un Delacroix, par
exemple, représente des Femmes turques au bain; c’est tout le vieux
thème des Baigneuses : de frais ombrages,, des cygnes blancs, voire
une statue antique entr'aperçue sous les ramures ; à part les tapis
d’Orient et leur romantique couleur locale, cette fantaisie d’une
savante palette se créant ainsi, dans une heure de joie, un idéal
jardin, n’est-ce pas tout à fait selon les préférences pittoresques de
ce temps-ci? eût-ce été moins goûté aux dernières années de l’ancien
régime?

Mais on ne tarde pas à voir aussi son observation se porter bien
au-dessus de ces simples rapports de modes et de caprices de goût.
L’évidence vous saisit d’un instinct hautement traditionnel et clas-
sique qui n’a rien eu à voir avec l’académisme puisqu’il se manifeste
ici par Corot, Ingres, Millet, Daumier, et même par Daubigny, et
s’est ainsi maintenu à travers tout le siècle dernier.

Voici, pour commencer, Corot, de qui la part à cette exposition
est la plus brillante. Rien moins qu’une trentaine de toiles, les unes
déjà admirées en 1900 à la Centennale comme le Manoir de Reaune-
la-Rolande (collection L. Sarlin), Y Atelier (collection deMmo Esnault-
Pelterie), la Femme en bleu (collection Rouart), ou à la petite « rétro-
spective » qui lui fut consacrée l’an dernier au Salon d’Automne1,
les autres — près de vingt, dont cette Toilette de la collection de
Mme Desfossé, qu’on n’a pas revue depuis longtemps, —- ayant
comme l’attrait de l’inédit. La Femme en bleu (1874), Y Atelier ou la
Femme en rose : les mélodies les plus subtiles réalisées par la pein-
ture moderne ont eu leur origine dans la technique à découvert sur
ces deux toiles ; rien pourtant qui fût moins rare avant Corot, que les
éléments de base qui la composent : c’est la gamme des gris et des
bruns qui se voit appliquée dans la plupart des ateliers au xvui0 siècle,
la même sur laquelle, par exemple, puisqu’il s’agit là d’intérieurs,
un Drolling, au temps de la jeunesse de Corot, s’attardait encore à
son blaireautage prosaïque. Les nus délicieux ici réunis ont-ils pris
aussi beaucoup de leurs tons sur une autre palette que celle qui
avait servi pour Mrae Récamier? Mais Corot sait faire « chanter »

1. Voir sur cette exposition la pénétrante étude de M. Pierre Goujon, Corot
'peintre de figures, parue ici même (1909, t. II, p. 469-482).
 
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